Covid-19 : une autre stratégie de lutte est possible, mobilisons-nous !

Publié le 30 novembre 2020 

Publié par « Entre les lignes entre les mots »

La Constitution « garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence ». Préambule de la Constitution française, alinéa 11 

Depuis des mois, nous subissons l’échec retentissant de la gestion politique d’une épidémie qui n’aurait jamais dû entraîner un tel désastre sanitaire, social, culturel et économique, désastre dont les conséquences se feront sentir pendant des mois et des années. 

Les yeux rivés sur les vendeurs de vaccins-miracle à coups de milliards d’argent public drainé vers les multinationales du médicament, le gouvernement tente d’occulter la destruction du système de santé en France, et pas seulement de l’hôpital, du fait des politiques néo-libérales de démantèlement des services publics en vigueur depuis plus de 30 ans. 

Pour les victimes du Covid et pour tous les malades, en particulier ceux atteints de cancer et d’autres maladies chroniques, la stratégie choisie signifie une non-assistance à personne en danger délibérée, tant les besoins les plus élémentaires des uns et des autres n’ont pas été entendus, qu’il s’agisse des diagnostics tardifs du fait de la déprogrammation des interventions et consultations, ou de l’absence de soins en kinésithérapie, psychothérapie, suivi de diabète, de maladies cardiovasculaires et autres. 

L’exigence autoritaire de « mobilisation » s’accompagne d’un souverain mépris pour les revendications légitimes des soignants et des citoyens pour une réorganisation radicale de l’offre de soins, non pas « à budget constant », mais orientée par les besoins des malades, – Covid ou non – ce qui suppose l’embauche massive de personnels, la re-création d’unités de soins de santé de base, d’hôpitaux et de maternités de proximité, un soutien aux soignants de premier recours et à ceux des services publics, par l’amélioration de leurs conditions de travail, de formation et rémunération, un financement solidaire des soins de santé par une Sécurité sociale de haut niveau de remboursement. 

Depuis des mois, nous vivons sous la férule d’une politique de double-standard, les uns – « inactifs » ou rendus chômeurs, – confinés et sanctionnés à la moindre sortie jugée intempestive, les autres, – les « actifs », enfants, jeunes et adultes – contraints d’aller à l’école ou au boulot, dans des conditions sanitaires de plus en plus déplorables et dangereuses au fur et à mesure qu’on s’éloigne des lieux de vie et de travail des tenants du pouvoir et de la classe dominante. Parmi les « actifs », il y a également les « nouveaux travailleurs à domicile » soumis à un télétravail délirant qui s’immisce dans leur vie privée. 

Dans les écoles, collèges et lycées et même les universités de la Seine-Saint-Denis par exemple, ce territoire le plus pauvre du pays, quand y a-t-il du savon et du papier-wc dans les toilettes ? Entre 8h et 10h le lundi matin ? Quand sera-t-il possible d’ouvrir des fenêtres condamnées pour cause de vétusté ? Comment organiser le moindre protocole sanitaire dans des locaux, conçus pour 200 élèves, dans lesquels 400 s’y entassent ? Dans une classe surchargée, attendre – comme le recommandent les ARS – le 3e cas de Covid, avant de tester, isoler et suivre l’évolution au cas par cas, c’est – délibérément – laisser la contamination se répandre, non seulement parmi les élèves mais dans l’environnement familial, en jouant de surcroît sur la culpabilisation individuelle. 

Toujours en Seine-Saint-Denis comme dans la plupart des quartiers ouvriers ailleurs en France, des centaines de milliers de travailleurs parmi les plus essentiels mais les plus mal payés et précaires – agent.e.s de nettoyage, caissières, aides-soignantes, auxiliaires de vie, éboueurs, ouvriers non qualifiés du BTP et de toutes les filières d’intérim et de sous-traitance de la production et de la maintenance industrielle, de la grande distribution, des transports, de la logistique – se pressent dans les métros du matin et du soir, quittant puis retrouvant des logements HLM exigus, souvent vétustes, humides, mal chauffés, voire carrément insalubres. 

La contamination Covid y est pire qu’ailleurs. Et pour cause ! Ce gouvernement ne leur accorde aucune attention, aucune protection, alors que de leur travail dépendent la production et la vie. Pire encore, il cautionne la généralisation des pratiques esclavagistes des Uber, Deliveroo et autres « plateformes »d’exploitation humaine, à 2 euros de l’heure ! Dans toutes ces activités de travail et dans de telles conditions, la prévention de la contamination infectieuse n’est pas possible ! 

Les contre-pouvoirs syndicaux pour le droit à la santé des travailleurs ont été détruits (CHSCT). Les associations, collectifs, coordinations et autres réseaux de résistance sont interdits de rencontre, d’expression collective, de manifestation. Or ces contre-pouvoirs pourraient avoir un rôle majeur dans la lutte contre l’épidémie, sur les lieux de travail, mais aussi dans la cité. 

Une autre stratégie est possible ! 

Dans la lutte contre toute épidémie de maladie infectieuse, les seules stratégies efficaces sont celles qui permettent d’organiser le suivi clinique, psychologique et social des malades et de leurs contacts, en ayant pour objectif d’accompagner, soigner, guérir, et d’interrompre les chaînes de contamination. Ce ne sont pas les bien-portants qu’il importe de confiner mais les malades et ceux qu’ils ont pu contaminer (1).

Cela veut dire : 

– Déploiement sur le terrain des moyens d’assurer, dans les collectivités concernées, dès le premier cas positif détecté, un test PCR de tous les résidants et professionnels, comme le ministère de la santé le recommande depuis le premier octobre comme stratégie de surveillance et de dépistage en EHPAD, à savoir celle qui aurait dû prévaloir depuis le début de l’épidémie. 

– Dépistage précoce sur la base de symptômes peu graves, au niveau des soins de première ligne et dans le cadre de dépistages groupés et ciblés, par dizaines de milliers de tests PCR dans les écoles, universités, entreprises, centres d’hébergement collectif, hôtels, etc…. 

– Suivi de l’évolution clinique des malades avec surveillance de la saturation en oxygène de l’hémoglobine, oxygénothérapie à domicile dès les premiers signes de désaturation en oxygène. 

– Isolement des malades ou porteurs sains (avec arrêt de travail immédiat sans jours de carence), par rapport aux personnes non contaminées, ce qui suppose la réquisition d’hôtels ou de logements inoccupés et l’aménagement humain, économique et social des mesures d’isolement. 

– Recherche, avec les malades eux-mêmes, des sujets-contacts, principalement au niveau familial, scolaire et professionnel, et dépistage systématique du Covid chez ces contacts, avec isolement dans l’attente des résultats du test. 

– Continuité des diagnostics et des soins pour les personnes atteintes d’autres pathologies. 

– Lutte pour la réduction des inégalités en inversant la hiérarchie des priorités, soit l’attribution de moyens en priorité aux territoires les plus défavorisés. 

– Recensement des cas et du devenir de ces derniers par des équipes pluridisciplinaires, en lieu et place d’une épidémiologie hors-sol. 

Nos revendications

Dans les quartiers, les communes, en milieu rural comme en milieu urbain, mobilisons-nous pour des budgets alloués aux communes, aux associations, à tous les acteurs de vie sociale, pour organiser, non pas un programme vertical de dépistage, mais la re-création de structures de proximité, qui pourront, de façon humaine et gratuite, prendre en charge médicalement et humainement les malades, quelle que soit la ou les pathologies, mais aussi tous les laissés-pour- compte de cette crise. 

Dans les écoles, collèges, lycées, exigeons non seulement un dédoublement pérenne des classes, mais tous les moyens nécessaires à la prévention de la contamination Covid et à la mission pédagogique qui est celle de l’école républicaine, à commencer par l’égalité. 

Exigeons la remise en place des CHSCT et l’attribution de moyens de formation, d’heures de délégation et de recours à l’expertise, assurant le rétablissement de ce contre-pouvoir indispensable à la protection des droits des travailleurs en matière de santé. 

Exigeons que cesse le confinement autoritaire et la politique de « double-standard » en reconnaissant la mobilisation citoyenne volontaire que chacun.e de nous met en pratique au quotidien, non seulement pour arrêter les chaînes de contamination Covid mais aussi pour l’avènement d’une véritable politique de prévention des atteintes à la santé professionnelles et environnementales.

Exigeons l’arrêt des « allègements » de cotisations sociales des grandes entreprises et le remboursement de la dette patronale à la sécurité sociale contractée depuis des décennies au détriment des droits de tous à une sécurité sociale de qualité.

Les morts – évitables – du Covid ne doivent faire oublier, ni les morts – évitables – de l’amiante et autres substances cancérogènes, mutagènes, neurotoxiques et reprotoxiques, ni les accidents mortels du travail – eux aussi évitables -, ni les suicides et burn out – oh ! combien évitables – dus à une organisation du travail mortifère. N’attendons pas le vaccin pour agir dès aujourd’hui, exiger des moyens et organiser la solidarité dans la lutte pour la santé, la dignité, la vie. 

Signataires :

Association Henri Pézerat – Santé, Travail, environnement

Association départementale de défense des victimes de l’Amiante du Tarn 

Association des Malades de la Chimie

Association Régionale de Défense des Victimes de l’Amiante du Sud-Est Association 

Agir Autrement Pour la Xaintrie

Association a-SMT (Santé et Médecine du Travail)

Association femmes plurielles

Ban Asbestos France

Collectif Amiante Prévenir et Réparer – Clermont-Ferrand

Collectif des Irradiés des Armes Nucléaires de l’Ile Longue

Collectif des riverains et victimes du CMMP – Aulnay-sous-Bois Collectif pour l’avenir des foyers (COPAF)

Minga, Faire ensemble

Collectif violence du travail

Fédération sud-Rail

SUD SANTE SOCIAUX Finistère (29) 

Syndicat de la Médecine Générale 

Union Syndicale solidaire 

(1) Le débit expiratoire de particules virales émises par les patients existe et s’élève dans la période de 2-3j d’incubation. Il devient maximal au tout début des symptômes, puis dure le plus souvent 7 jours, parfois plus. Sont en cause la parole, le chant, les efforts de toux, efforts physiques, etc. Dès lors, l’infection à Coronavirus rejoint le rang de maladie à transmission par aérosols, à coté de la Rougeole, la Varicelle, la Tuberculose. 

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/251120/covid-19-une-autre-strate-gie-de-lutte-est-possible-mobilisons-nous

Développement rural : gros plan sur les nouveaux fonds européens

Publié le 26/11/2020 • Par Caroline Garcia • dans : Actu experts financesEurope

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å©JeanLuc – stock.adobe.com

A l’issue du comité Etat-régions qui s’est tenu le 13 novembre, les enveloppes régionales du Fonds européen agricole pour le développement rural ont été définies pour 2021 et 2022.

Etat et régions se sont entendus le 13 novembre sur les conditions de finalisation de la programmation du Feader 2014-2020. Taux de transfert et partage de l’enveloppe du fonds européen agricole pour le développement rural étaient au menu du comité Etat-régions, l’instance chargée de veiller à l’harmonisation entre les aides communautaires et les programmes nationaux. Installé en 2014 par la loi Maptam, ce comité n’a pas vraiment pris la dimension attendue, avec un rythme de réunion irrégulier, malgré les engagements du premier ministre Edouard Philippe en 2019 à rencontrer les régions chaque trimestre.

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Le ministère de l’Agriculture et l’association Régions de France ont donc avancé sur deux sujets importants pour le monde rural. D’une part, le taux de transfert entre le premier pilier de la politique agricole commune, qui distribue les aides aux agriculteurs vers le second pilier, le Feader, a été fixé à 7,53 % pour 2021 et 2022. Ce taux de transfert financier, déjà retenu pour 2019 et 2020, permet d’abonder les fonds dédiés à l’installation des jeunes agriculteurs, au soutien à l’agriculture bio, au paiement des aides aux sites Natura 2000, ou encore aux investissements dans les secteurs agricole, agroalimentaire et forestier.

Avec cet apport, les régions disposeront ainsi d’une enveloppe de près de 900 millions d’euros à se répartir. Pour satisfaire les besoins de chaque territoire, elles ont mené « un important travail de concertation » via leur association qui a ainsi pu présenter au ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, une proposition de répartition. Approuvée, semble-t-il, bien que le détail par région ne soit pas encore consolidé.

Objectif plan de relance

Des ajustements restent néanmoins à discuter pour l’attribution de ces fonds. C’est le cas des mesures concernant « les zones intermédiaires », dont la définition n’est pas établie de façon ferme. Les zones d’agriculture extensive, en montagne, par exemple, sont évidemment concernées. Mais dans les régions, on explique que la définition peut être envisagée de façon large, avec à la fois une prise en compte de la fragilité des territoires, mais aussi de la fragilité des productions. Des mesures d’accompagnement spécifiques pourraient alors bénéficier de financements complémentaires.

Cette étape franchie, un prochain comité Etat-région devrait se tenir avant le 18 décembre. Il se consacrera à la mise en œuvre du plan de relance – qui abondera également le fonds de développement rural -, et aux moyens de développer les circuits courts et à la préparation du plan stratégique national (PSN) de la PAC.

Ces engagements vont permettre de boucler la programmation 2014-2020 du Feader, avant que la nouvelle politique agricole commune (2021-2027) entre en vigueur.

De ce côté-là, alors que les fonds attribués à la France devraient demeurer comparable à ceux de la période qui s’achève, des incertitudes demeurent : le budget européen n’est pas encore validé et l’accord avec le Royaume-Uni sur le Brexit, toujours pas finalisé. Deux sujets qui pourraient avoir des répercussions sur les questions agricoles.

Pour la période 2014-2020, la France bénéficie de 11,4 milliards d’euros dans le cadre du Feader. Rhône-Alpes-Auvergne est la région la mieux dotée, avec 2,2 milliards d’euros.

Le lobbying souterrain des hôpitaux publics pour garder leurs médecins

Oubliés du Ségur de la santé, les médecins des établissements privés non lucratifs sont en colère. Et réclament d’être traités à égalité.Par Marie-Cécile RenaultPublié le 26/11/2020 à 22:41

À mi-chemin entre hôpital public et cliniques privées, les établissements de santé privés d’intérêt collectif (ESPIC) représentent 10% des soins en France. JEFF PACHOUD / AFP

Nouveau coup dur pour les hôpitaux non lucratifs! Entre hôpital public et cliniques privées, ces établissements, qui pèsent 10% des soins en France avec des fleurons comme l’hôpital Saint-Joseph à Paris, l’hôpital Foch à Suresnes etc., allient pourtant le meilleur des deux mondes: ils remplissent des missions de service public avec la souplesse d’organisation du privé.

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Or, leurs 14.000 médecins – qui ont pris en charge 20% des patients Covid durant la crise – ont été exclus des hausses de salaires du «Ségur de la santé». Faute de toucher comme leurs confrères du public la prime de 1010 euros mensuels bruts, ils réclamaient de pouvoir au moins faire des consultations privées, qui leur sont aujourd’hui interdites alors qu’elles sont autorisées dans le public. Et ce, en s’engageant sur des tarifs modérés, sans reste à charge pour les patients… alors que les dépassements d’honoraires peuvent parfois atteindre des records dans le public.

Ils craignent que leurs médecins ne viennent chez nousAntoine Perrin, directeur général de la Fehap

Forts du soutien du ministre de la Santé, ils pensaient l’affaire entendue, avant une volte-face. «Olivier Véran, qui a toujours défendu cette idée comme député, nous l’a promis la semaine dernière… avant de changer d’avis», se désole Antoine Perrin, directeur général de la Fehap, la fédération du secteur. La proposition de loi portée par la députée LREM Stéphanie Rist, qui arrive à l’assemblée lundi, devait permettre de changer les règles. «Mais, nous avons compris que la majorité ne soutiendra pas nos amendements. Le lobbying de l’hôpital public a joué, ils craignent que leurs médecins ne viennent chez nous», affirme Antoine Perrin.

«Être traités à égalité avec le public»

Les appels à la grève se multiplient. Le Syndicat national des praticiens et physiciens des centres de lutte contre le cancer (SNPCLCC) CFE-CGC, soutenu par d’autres syndicats de médecins, appelle à des actions de protestation. Car ce n’est pas en étouffant le privé non lucratif que l’hôpital public retiendra ses médecins… mais plutôt en réformant son organisation pour gagner en attractivité.

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Les établissements de santé privés d’intérêt collectif (ESPIC) «demandent juste à être traités à égalité avec le public alors que nos médecins assument les mêmes obligations, les mêmes devoirs. On nous garrotte de peur de porter préjudice au public. Mais ce n’est pas nous qui allons les assécher en médecins. S’ils veulent gagner plus ils iront dans le privé commercial», assure Antoine Perrin, lui-même chirurgien ayant exercé durant 20 ans à l’hôpital public.about:blank

Le secteur attend désormais que le ministre lui dise quelle place il lui accorde dans le système de santé. Au Danemark, tout le système de santé est sur le modèle privé non lucratif. En Allemagne, où il représente une bonne partie du système, des établissements sont transférés du statut public vers le statut privé non lucratif.La rédaction vous conseille

La France de Macron : 167 lobbys n’ont pas déclaré leurs activités en 2019

By Cheikh Dieng -22 novembre 20200104Share on FacebookTweet on Twitter

En France, 167 lobbys ont été épinglés par la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) pour n’avoir pas déclaré leurs activités en 2019

La France est-elle devenue le paradis des Lobbys? En tout cas, depuis l’élection d’Emmanuel Macron à la tête de ce pays, l’influence des groupes de pression dans les prises de décisions n’a jamais été aussi puissante au point de susciter moultes inquiétudes. Désormais, leur influence est telle que les Lobbys se permettent d’exercer leurs activités sur le sol français sans se soucier des lois fiscales mises en place, de quoi susciter l’inquiétude des autorités.

En effet, d’après le journal Le Monde, 167 entreprises et associations exerçant sur le sol français ont été épinglées par la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) pour non-déclaration de leurs activités de lobbying en 2019. La HATVP parle de 2200 représentants d’intérêts inscrits pourtant sur le registre numérique et qui ont déclaré tardivement leurs activités pour 2019.

“La HATVP menace de recourir à la mise en demeure”

D’après Le Monde, 167 ne sont toujours pas à jours de leurs obligations déclaratives malgré les relances. De quoi susciter la vive colère de la HATVP qui menace “de faire usage de la procédure de mise en demeure prévue par la loi à l’encontre de ceux qui ne régulariseraient pas leur situation”. Parmi eux figurent de grands groupes tels que Vinci, Nokia, l’ONG de protection des océans Bloom ou encore les laboratoires Arkopharma.

Dans un communiqué lu par Lecourrier-du-soir.com et publié par la HATVP, on pouvait lire : “167 représentants d’intérêts inscrits au répertoire ne sont cependant toujours pas à jour de leurs obligations déclaratives : leurs noms sont publiés sur le site internet de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique qui prévoit de faire usage de la procédure de mise en demeure prévue par la loi à l’encontre de ceux qui ne régulariseraient pas leur situation”.

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“L’Etat ne veut pas s’engager dans un bras de fer avec les lobbys”

Dans un communiqué de la HATVP, le registre dont il est question a été expliqué. Il s’agit en effet d’un répertoire (créé dans le cadre de la Loi Sapin de 2016) à l’adresse de répertoire.hatvp.fr. “Ils (les lobbys) doivent fournir les données sur l’identité de leur organisation et sur les sujets sur lesquels portent leurs activités de représentants d’intérêts”, explique le document consulté par notre rédaction. D’après Le Monde, l’inscription sur ce registre est obligatoire pour rencontrer des ministres et leur cabinet, les parlementaires et leurs collaborateurs, certains hauts fonctionnaires et élus.

Les autorités administratives ne décolèrent pas. Cependant face au poids des lobbys, l’Etat ne voudrait surtout s’engager dans un bras de fer qui pourrait lui coûter très cher. Raison pour laquelle, il a décidé de “s’inscrire dans une démarche de pédagogie et d’accompagnement dans un premier temps pour s’assurer de la réussite de la mise en place de ce dispositif”, précise Didier Migaud, président de la HATVP.

“Les lobbys ont une influence redoutable sur Macron”

Il convient de rappeler que les lobbys ont une influence redoutable dans le gouvernement d’Emmanuel Macron. D’ailleurs, un rapport de 28 pages publié par l’association Les Amis de la Terre (que Lecourrier-du-soir.com s’était procuré) dénonçait en juin dernier une intensification de la pression des lobbys sur le gouvernement en plein confinement.

“La crise du Coronavirus et le confinement ont provoqué un arrêt brutal de l’activité économique. Dans la plupart des secteurs, les salariés se sont retrouvés contraints de rester chez eux durant de nombreuses semaines, cessant toute activité ou travaillant à distance, souvent avec des horaires réduits. Du côté des cabinets de lobbying et des professionnels de l’influence, au contraire, le travail n’a fait que s’intensifier”, dénonçait le rapport.

Bientôt la Giraud taxe sur vos routes nationales (privatisation des nationales)

La privatisation des nationales est en marche ! Un cas dans les Hautes-Alpes, il s’agit d’une rocade dans un département qui n’arrive plus a financer ses routes. Remettant en questions a la fois la privatisation des routes et le choix du tout bagnole , un collectif de gilets jaunes, lutteurs pour le climat appelle a manifester le 17 novembre et symboliquement mettre un péage.

https://blogs.mediapart.fr/jean-ganzhorn/blog/141120/bientot-la-giraud-taxe-sur-vos-routes-nationales-privatisation-des-nationales

Evolutions inattendues du nombre d’élèves en 2020

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On n’a sans doute pas fini avec les surprises en cette année scolaire 2020-2021. Elle a commencé avec des évolutions inattendues du nombre des élèves, comme le montrent deux Notes de la Depp (la division des études du ministère de l’Education nationale). Ces évolutions prennent souvent le contre pied des déclarations ministérielles. Ainsi, alors que JM Blanquer a rendu la scolarisation à 3 ans obligatoire, le taux de scolarité a régressé à cet âge à la rentrée. Alors qu’il assure de sa volonté de mettre en valeur l’apprentissage et l’enseignement professionnel, ils sont davantage fuis. Alors que le ministre affiche sa volonté de davantage contrôler le hors contrat celui-ci progresse.

Des taux de scolarisation en recul en maternelle

Avec l’instruction obligatoire dès 3 ans, on pouvait penser que le taux de scolarisation en maternelle augmenterait. On pouvait aussi penser que le nombre d’enfants scolarisés le ferait aussi puisque près de 30 000 enfants échappaient à l’école maternelle en métropole et sans doute davantage outre-mer. C’est cet idée de scolariser tous les enfants à 3 ans qui a été mise en avant avec la loi Blanquer.

Selon une Note de la Depp on assiste pourtant à une chute de 66 500 élèves à l’école maternelle à la rentrée 2020. Certes la démographie y a sa part avec des générations 2015-2018 moins nombreuses qu’avant. Mais l’évolution démographique n’explique pas la totalité de cette chute.

Pour pouvoir achever les dédoublements en CP et Ce1 de l’éducation prioritaire et amorcer la limitation à 24 élèves en GS, CP et Ce1, le ministère a une nouvelle fois ponctionner le nombre de places offertes en TPS, c’est à dire pour les enfants âgés de 2 ans. Cette année ils sont 11 500 de moins à entrer à l’école. Ce n’est pas seulement parce que leur classe d’âge diminue. Leur taux de scolarisation descend à 9%. Il était de 11% en 2019 et de 35% en 2000.

Pour les 3 ans il y a 18 600 enfants de moins à l’école. Là aussi ce n’est pas du qu’à l’évolution démographique. Le taux de scolarité des 3 ans diminue lui aussi un an après l’adoption de la loi Blanquer. La Depp explique cela par l’épidémie de Covid 19 qui inciterait les parents à scolariser plus tard leur enfant. En tous cas la coupure entre le préscolaire et le scolaire pour l’éducation du jeune enfant, qui est une caractéristique française montrée du doigt par l’OCDE, s’agrandit au lieu de se résorber.

A l’école élémentaire les effectifs sont aussi en baisse de 20 000 élèves , principalement en Ce1 et CM1 du fait de l’évolution démographique.

Si globalement le premier degré perd 87 000 élèves, c’est 1.5% d’élèves en moins dans le public et le privé sous contrat. Par contre le privé hors contrat continue sa progression avec une hausse de 1.4% et plus de 50 000 élèves. On notera aussi la baisse continue des effectifs en zone rurale avec un nombre d’élèves par classe significativement moins élevé qu’en zone urbaine.

La Note de la Depp montre aussi des évolutions pédagogiques notables. Dans les écoles non prioritaires plus de la moitié des classes sont multi-niveaux alors que ce sont seulement 6 à 10% des classes dans l’éducation prioritaire.

Le second degré marqué par la gestion de la crise sanitaire

A cette rentrée 2020 il y a finalement moins d’élèves dans le second degré qu’attendu. On attendait 30 à 40 000 élèves en plus. Finalement ils ne sont que 10 000.

Au collège on compte 16 000 élèves de plus pour des raisons démographiques. Mais on observe un recul de 11 000 élèves en 6ème en lien avec la hausse des redoublements en Cm2. Inversement le taux de redoublement en 3ème a été très bas, peut-être en line avec les perturbations liées au Covid19.

Au lycée on compte finalement 8000 élèves de moins qu’en 2019. En 2de générale et technologique on a 12 000 élèves de plus , le taux de passage de 3ème vers la 2de ayant augmenté de deux points. C’est lié à la baisse du taux de redoublements en 3ème mais aussi à la réforme du lycée.

Cette réforme a brouillé les cartes pour l’orientation en fin de 3ème. Cela se voit par la baisse des orientations vers l’enseignement professionnel en fin de 3ème qu’il s’agisse de la seconde professionnelle ou de l’apprentissage. Les discours ministériels sur le renouveau du professionnel et la progression de l’apprentissage sont démentis par les chiffres.

Il est probable que le brouillage des cartes se lit dans une baisse des orientations vers l’enseignement technologique. Mais la Note Depp agglomère le général et technologique et ne permet pas de les distinguer. Une autre note sur les spécialités choisies ne donne de chiffres que pour la filière générale…

S’il y a 12 000 élèves de plus en 2de il y a par contre 21 000 élèves en moins en terminale. C’est le résultat de la façon dont le bac a été géré en juin 2020. Il y a beaucoup moins de redoublants en terminale. Ce n’est pas pour autant que ces jeunes aient trouvé la place qu’ils souhaitaient dans le supérieur.

Le lycée professionnel voit son effectif augmenter en 2020 de 1400 élèves. Mais ce n’est pas par un attrait renouvelé vanté par le ministre. En fait il y a moins d’élèves cette année en 2de pro et 1ère année de CAP. Ce sont les sorties en cours de formation en première et 2de année de cap qui ont diminué.

Enfin là aussi la Depp note un recul du public dans le 2d degré (-11000) et une hausse du privé (+3000). Il n’y a pas de regain de l’école publique en 2020.

F Jarraud

La note sur le 1er degré

La note sur le 2de degré

La France et l’éducation du jeune enfant selon l’OCDE

Sur le retard en maternellePar fjarraud , le lundi 16 novembre 2020.

Covid-19 : les seigneurs revisitent la basse-cour

Entre les lignes entre les mots

Publié le 10 novembre 2020 

Résumons-nous. En France, après l’instauration le 14 octobre 2020 d’un couvre-feu pour gérer la crise sanitaire, le gouvernement décide, le 30 courant sans consultation du Parlement, le retour à un confinement national, ouvrant cette fois l’accès au travail, à l’école, aux maisons de retraite et aux supermarchés, mais toujours pas aux commerces de proximité, aux lieux culturels, de loisirs ou sportifs (hors professionnels et chasseurs1)… et interdisant tout déplacement d’une région à l’autre. En même temps, des projets de loi sont examinés. Arrêtons-nous sur trois d’entre eux. Le premier, le 4e Plan de loi de finances rectifié (PLFR)2, adopté le 4 novembre par le Conseil des ministres, répond à « l’urgence économique ». Le deuxième, présenté le 22 juillet en Conseil des ministres, adopté par l’Assemblée nationale le 23 septembre, en partie amendé par le Sénat le 28 octobre, concerne l’enseignement supérieur et la recherche3 et le troisième, présenté à l’Assemblée nationale le 20 octobre, puis examiné le 4 novembre, porte sur la « sécurité globale »4.

Le 4e PLFR prévoit le déblocage d’une enveloppe de 20 milliards d’euros essentiellement prélevée dans les caisses de l’aide publique au développement, de la santé, de l’éducation, de la justice, de l’enseignement supérieur – la ligne budgétaire de la Défense est inchangée.

La loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) envisage des « contrats de mission » en lieu et place du statut de fonctionnaire, des postes de professeurs assistants temporaires, la suppression de la qualification CNU, bref un arsenal de mesures visant l’économicisation du secteur. Ce choix est accompagné d’une chasse aux sorcières dont l’État doit, selon le ministre de l’Éducation fort inspiré par les thèses de l’extrême-droite, se méfier pour cause de « complicité » avec les entrepreneurs terroristes (islamistes) et de distance avec les « valeurs de la République » (l’« islamogauchisme »).

La loi « sécurité globale » préconise la dérégulation de l’utilisation des caméras mobiles portées par les forces de l’ordre, la surveillance par drone, l’interdiction de diffuser l’image de policiers… Cette approche d’une « sécurité sans contact » à la Chinoise a pour triple logique d’augmenter les profits des entreprises d’armement, de restreindre les libertés et de banaliser le renforcement de l’État policier.

Cette avalanche de mesures gouvernementales et de votes de lois rappelle étrangement la féodalité. Au XIIIe siècle, les seigneurs construisaient des châteaux forts à double enceinte, la haute et la basse-cour. Cette deuxième zone « protégeait » leurs « sujets » et leurs animaux des guerres, en échange d’une interdiction de sortie, du paiement du « cens » et des « banalités » (des impôts ouvrant à des « services publics ») et de la « corvée seigneuriale », un travail non rémunéré visant l’enrichissement de la propriété. La domination souverain/serfs était instituée et peu contestée sous peine d’enfermement, d’expulsion ou de mise à mort. Cette forme de gouvernement, autrement appelée « oligarchie », pour laquelle une classe dominante resserrée bénéficie de privilèges étendus – dont celui de rendre la justice – et décide du sort des populations, s’est illustrée à de nombreuses reprises et en divers lieux au cours de l’Histoire. Ne devrions-nous pas rappeler que cette gestion du pouvoir, pour le moins inégale, très éloignée de l’idée de bien commun, est clientéliste, instable, peu démocratique ?

Aujourd’hui, sur le territoire français, seules les personnes qui travaillent ou qui accompagnent les enfants et les personnes âgées (très majoritairement des femmes) ont le droit de circuler à l’intérieur de la basse-cour nationale. Seuls les seigneurs, motivés par une conquête exclusive du pouvoir (débarrassé de ses idéologues extrêmes) décident, parfois sans l’aval de la haute-cour et jamais avec l’avis de la basse-cour et des exclus (chômeurs, retraités, SDFs, handicapés, malades chroniques, détenus, immigrés, réfugiés, clandestins, femmes au foyer), des mesures de « protection » sanitaire ou sécuritaire des populations, de leurs droits à penser et des moyens financiers pour y parvenir.

L’Histoire nous apprend que des révoltes ou révolutions ont fait tomber ces systèmes politiques féodaux. Aussi les serfs d’aujourd’hui et leurs forces de contestation (contre les lois notamment) vont-ils réussir à déconstruire les dominations croisées (race, classe, genre) et édifier des alternatives collectives aux crises sanitaire et guerrière ? Vont-ils convaincre de l’iniquité des théories sur les guerres de religion et opposer une analyse historicisée et contextualisée des relations entre Occident et autres pays du monde (périphérie) ? Vont-ils inquiéter les poujadistes et complotistes, contreproductifs voire transportés par les mêmes jeux de soumission ? Vont-ils informer des stratégies d’enrichissement financier des instigateurs de ces politiques ? Seuls les occupants de seconde zone et du no man’s land peuvent répondre.

Joelle Palmieri

Villeneuve-la-Comptal : premiers coups de pelleteuse au Chemin de la Tour ce lundi

  • La circulation perturbée en raison de ces travaux importants demande de la patience.La circulation perturbée en raison de ces travaux importants demande de la patience.

Travaux routiersUrbanisme – AménagementAudeVilleneuve-la-ComptalPublié le 09/11/2020 à 05:09 , mis à jour à 10:16

Chantiers itinérants sur les liaisons routières entre Castelnaudary, Villeneuve-la-Comptal et Salles-sur-l’Hers, mais aussi entre les « cinq coins » et l’intersection de la route du Mas-Saintes-Puelles, sur la D33: les entreprises spécialisées, dont Colas, enfouissent la conduite électrique qui véhicule la production électrique depuis le complexe agro-énergie projeté par Global EcoPower (GEP) au domaine du Brezil, à Payra-sur-l’Hers. Cet ensemble compte de multiples entrées : solaire, cogénération, agroalimentaire et éolien. La perturbation routière va durer encore quelques semaines.PUBLICITÉ

Ce lundi 9 novembre, commencent les travaux du chemin de la Tour jusqu’au rond-point de la route de Limoux. Les travaux seront entrepris par l’entreprise Jean Lefèvre, qui procédera au curage des fossés, à la réfection du fond de forme décapage, entre autres. La circulation sera interdite aux véhicules le temps des travaux sur le chemin de la Tour et sur la traverse du Cammas Haut, qui relie le chemin de la Tour à la route de Fendeille, rond-point de l’autoroute. Pour des raisons technique liées à la pétrochimie, le chemin de la Tour ne recevra la couche finale d’enrobé qu’au début du printemps 2021.

Le présidentialisme, ses courtisans et son crétinisme

30 AOÛT 2018 PAR EDWY PLENEL

Au lendemain d’une démission de Nicolas Hulot qui souligne le fossé entre sa présidence et la société, Emmanuel Macron s’est distingué par une décision et par une déclaration qui le creusent encore plus : la nomination d’un ami proche, l’écrivain Philippe Besson, au consulat de Los Angeles ; la critique de son propre peuple qualifié de « Gaulois réfractaire au changement ».

Décidément, le nouveau monde macronien se révèle un bien vieux monde : un ancien régime monarchique. S’il n’en a pas les caractéristiques héréditaires, il n’en épouse pas moins les privilèges de caste et les morgues de classe, le pouvoir égocentrique et la société de cour. Chaque nouvel épisode de la chronique présidentielle le confirme, dévoilant, au-delà des choix économiques et sociaux dont le parti pris néolibéral était prévisible, une pratique politique à mille lieues de la « révolution démocratique profonde » promise aux premières pages d’un livre de campagne électorale carrément intitulé Révolution (XO Éditions, 2016).

Aveuglés par le poids de l’histoire, nous n’avons pas compris dans l’instant qu’il fallait entendre le mot à son sens premier, venu de l’astronomie, que définit ainsi le Littré « Retour d’un astre au point d’où il était parti. » Le point de départ d’Emmanuel Macron est un retour en arrière. Il n’entend évidemment pas faire la révolution mais empêcher qu’elle se produise. Mâtiné d’une lecture sommaire de la critique des totalitarismes, faisant de la Révolution française leur ancêtre générique, son credo est un regret : la France se porterait mieux si elle n’avait pas coupé la tête de son roi et si elle avait fait confiance à la gestion des compétents qui entendaient réformer la monarchie plutôt qu’à l’invention aussi brouillonne que dangereuse de son peuple.

Pourtant, paru peu avant Révolution, un autre livre avait vendu la mèche dont l’auteur, Jean-Pierre Jouyet, n’est autre que le mentor initial d’Emmanuel Macron, son protecteur à l’inspection des finances et son promoteur à l’Élysée, puis au gouvernement sous la présidence de François Hollande. Écrit par le secrétaire général d’une présidence élue en 2012 sous l’étiquette socialiste, Ils ont fait la Révolution sans le savoir (Albin Michel, 2016), dont le bandeau publicitaire sonnait comme un programme (« Le libertinage contre la Terreur »), est une ode sans nuances à l’Ancien Régime, ses élégants et ses libertines, ses traditions et ses richesses, ses courtisans et ses intrigants…

Son refrain est de méfiance pour la société, son bouillonnement imprévisible, ses contre-pouvoirs incontrôlables, son peuple conservateur, ses emballements destructeurs. Tout le livre dit l’angoisse d’un représentant de cette noblesse d’État aujourd’hui alliée à l’aristocratie d’argent face à la possibilité que son monde de confort et de certitude s’effondre. Pour ne prendre qu’un exemple digne d’un sottisier, on y trouve cette caricature aussi ignare qu’anachronique du travail de Mediapart, dont les enquêtes sont assimilées aux vindictes du Père Duchesne sous la Révolution : « Le culte trotskiste est prêt à tout – ou presque – pour atteindre son but : détruire l’organisation sociale de l’intérieur. »

Or la seule information que l’on trouve dans Un personnage de roman (Julliard, 2017), le livre énamouré de Philippe Besson sur la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron qu’il a accompagnée avec enthousiasme, est précisément son penchant pour l’Ancien Régime. Chroniquant l’annonce de sa candidature par le futur président de la République, le 16 novembre 2016, il écrit : « J’apprendrai qu’après son annonce, il a demandé à passer au pied de la basilique de Saint-Denis, nécropole des rois de France. Je m’interroge sur ce geste, accompli dans la solitude, loin des caméras : en s’approchant de la tombe des Capétiens, est-il venu s’inscrire dans une histoire ? Chercher une onction ? » En mars 2017, toujours à propos de l’Ancien Régime et de son évocation par Emmanuel Macron, l’écrivain souligne : « Il l’aime décidément cette référence. »

Sous l’Ancien Régime, la révérence appelle la récompense, au mépris de la compétence. Voici donc Philippe Besson, récitant louangeur du macronisme triomphant, nommé consul général de France à Los Angeles. Certes ce poste prestigieux avait déjà fait l’objet de manœuvres clientélistes quand Nicolas Sarkozy y avait nommé son protégé David Martinon après son échec à la mairie de Neuilly-sur-Seine. Mais au moins les apparences administratives étaient-elles sauves puisque le poste restait réservé à un diplomate de carrière, l’énarque Martinon ayant le Quai d’Orsay comme port d’attache. Cette fois, aucun autre critère que l’amitié du président (et de son épouse), tout comme ce fut le cas, il y a un an, pour le publiciste Bruno Roger-Petit, nommé porte-parole de la présidence, poste créé sur mesure.

La nomination de Philippe Besson a été permise par l’un de ces coups de force estivaux qu’autorise notre présidentialisme monarchique, imposant le fait du prince à l’État de droit. Au conseil des ministres du 3 août dernier, un décret a été promulgué étendant le champ discrétionnaire de nomination du gouvernement – en pratique, celui du président – à vingt-deux postes de consul général qui, jusqu’ici, étaient laissés à la gestion interne de son personnel par le ministère des affaires étrangères. Selon les départs de leurs actuels occupants, vingt et un postes prestigieux attendent donc d’autres courtisans, de Barcelone à Hong Kong, de Bombay à Saint-Pétersbourg, de São Paulo à Shanghai, etc.

Ce faisant, le macronisme s’inscrit dans le sillage du mitterrandisme qui, le premier, avait immensément étendu le pouvoir de nomination du président de la République. Là encore, c’était au cœur de l’été, avec même cette similitude que le pouvoir d’alors comme celui d’aujourd’hui était aux prises avec un fait divers en forme d’explosif politique, l’affaire Greenpeace, il est vrai autrement plus dramatique que l’affaire Benalla. Après un décret du 24 juillet 1985 fixant les emplois supérieurs dont la nomination est laissée à la décision du gouvernement, un décret du 6 août 1985 listait pas moins de cent quarante-huit emplois de directions d’établissements, d’entreprises et de sociétés publics dont les titulaires sont nommés en conseil des ministres. Le précédent décret en vigueur, datant de 1967, sous la présidence du général de Gaulle, n’en énumérait que cinquante-trois.

Une petite armée d’obligés et d’affidés

Le présidentialisme français est donc une courtisanerie instituée : une fois élu, le chef de l’État a cinq années – c’était sept jusqu’en 2002 – pour se constituer une petite armée d’obligés et d’affidés, dans tous les secteurs de la vie publique. Au premier ministre, ministres, conseillers d’État, ambassadeurs, conseillers maîtres à la Cour des comptes, préfets, représentants de l’État dans les collectivités d’outre-mer, officiers généraux, recteurs, directeurs d’administrations centrales, membres du Conseil constitutionnel, etc., s’ajoutent désormais cent soixante-dix postes laissés à l’arbitrage présidentiel. C’est évidemment une arme de manœuvre et de contrôle qui renforce la citadelle élyséenne : François Mitterrand avait agrandi ce champ de nomination en vue des élections législatives de 1986 qu’il perdra, contraint à une cohabitation avec la droite avant d’être réélu en 1988.

Aucun de ses successeurs n’a remis en cause cette extension du pouvoir présidentiel, ce coup de force permanent où la volonté d’un seul se prévaut du pouvoir de tous. Reste que nous assistons, notamment depuis Nicolas Sarkozy, à une version de plus en plus abâtardie de ce présidentialisme, comme si une génération d’aventuriers avait pris le relais d’une cohorte de professionnels. Après tout, Romain Gary, le prestigieux prédécesseur de Philippe Besson au consulat de Los Angeles, n’était pas seulement un immense écrivain mais surtout un grand résistant, figure de la France libre et Compagnon de la Libération. De même, François Mitterrand avait-il l’habileté, sinon l’élégance, de nommer à de tels postes certains de ses contempteurs les plus farouches, par exemple Gilles Martinet à l’ambassade de Rome en 1981.

Hier, la tentation de privatiser l’État, bien réelle, se heurtait à de hautes figures du service public, ancrées dans une tradition de service de l’intérêt général. Aujourd’hui, ces digues semblent bien fragiles, sinon inexistantes : les auditions parlementaires de l’affaire Benalla n’ont-elles pas dévoilé la servilité active de nombre de hauts fonctionnaires envers l’Élysée, servilité qui aurait perduré sans états d’âme si la vidéo des violences du 1er mai n’avait pas été révélée et décryptée ? Le bon plaisir règne donc en maître, sans frein ni pudeur, à l’image de cette engeance dévolue aux frasques des people qu’incarne auprès du couple Macron la communicante Michèle Marchand, embauchée pour verrouiller leur image (déjà évoquée dans cet article sur l’affaire Benalla).

Peut-être faudra-t-il un jour refaire l’histoire de la Cinquième République à l’aune d’un seul critère : comment ce système de pouvoir personnel, profondément archaïque dans un monde complexe et face à des sociétés informées, abêtit ceux qui en bénéficient. Meilleur procureur de ce « coup d’État permanent », François Mitterrand fut lui-même vaincu par ces institutions, prenant la pose du monarque de droit divin sur la fin de ces quatorze années de présidence. Tous ses successeurs ont paru plus intelligents en campagne électorale, se déclarant lucides sur les pièges du présidentialisme, avant de succomber à son mirage, cédant à l’excitation et à l’aveuglement de l’hyper-présidence ou sombrant dans l’isolement et la solitude de l’Élysée. Aucun n’a su relever le défi de cette radicalité démocratique qu’appelle la sourde crise politique française.

Emmanuel Macron est le dernier en date de ces intelligents que le présidentialisme rend bêtes. Sa sortie au Danemark sur « le Gaulois réfractaire au changement » opposé à un « peuple luthérien qui a vécu les transformations des dernières décennies » en est la toute dernière illustration. Le trait d’humour aujourd’hui invoqué n’empêche pas que c’est une double ânerie, doublée d’une mauvaise manière. Bêtise historique comme se sont empressés de le rappeler les historiens spécialistes des Gaulois. Stupidité intellectuelle, tant essentialiser un peuple, le réduire à une réalité intangible, c’est raisonner comme les racistes qui ne voient qu’une masse uniforme, homogène et invariable là où il y a des individus divers, mouvants et différents. Inélégance enfin vis-à-vis du peuple qu’Emmanuel Macron est supposé représenter et dont il parle comme s’il en était lui-même extérieur et, surtout, supérieur.

Au siècle précédent, dans le bouillonnement intellectuel qui accompagna la critique d’une social-démocratie convertie à l’ordre établi et d’un communisme stalinien discréditant par ses crimes l’émancipation, le marxisme critique prisait une formule désuète : le « crétinisme parlementaire ». Venue sous la plume de Karl Marx en 1879 dans un échange polémique, en compagnie de Friedrich Engels, avec des figures de la social-démocratie allemande, elle voulait caractériser un personnel politique enfermé dans sa bulle institutionnelle qui en devient ignorant du cours du monde et indifférent au mouvement de la société, croyant au seul pouvoir de ses discours sans faire attention aux réalités sociales. « Ils sont atteints de crétinisme parlementaire au point de se figurer au-dessus de toute critique et de condamner la critique comme un crime de lèse-majesté », écrivait ainsi Marx comme le rappelle ici Maximilien Rubel, l’un de ses lecteurs les plus libertaires. 

Le crétinisme présidentiel est la pathologie d’un pouvoir personnel démesurément puissant et solitaire. Enfermés dans leur citadelle, nos présidents prennent le risque d’échapper au sens commun, de perdre pied et raison, à force de complaisance coupable pour un système institutionnel qui, tout en les renforçant, dévitalise notre démocratie. « Tout ce qu’on fait est inédit. Ça peut se déliter à une vitesse folle, j’en ai conscience », confiait Emmanuel Macron à Philippe Besson en septembre 2016. L’alerte vaut pour maintenant, à cette différence près que tout se délite parce que l’inédit promis n’est pas au rendez-vous, supplanté par la perpétuation de la plus vieille des politiques.