100 lits ont été supprimés à Nantes au cours de l’été

le 13 décembre à 11:51  · «100 lits ont été supprimés à Nantes au cours de l’été, 200 à Caen, 184 à Reims, 100 à Limoges, etc. Depuis 2003, la France a réduit ses capacités en hospitalisation de près de 75 000 places, sous l’impulsion d’un Comité interministériel de « la modernisation de l’offre de soins.»

Edgard Morin

Railcoop, la coopérative qui fait renaître les lignes de train abandonnées

Durée de lecture : 8 minutes 2 juillet 2020 / Marie Astier (Reporterre)

Railcoop, la coopérative qui fait renaître les lignes de train abandonnées

C’est un nouvel acteur qui bouscule le petit monde ferroviaire : Railcoop a choisi une gouvernance coopérative et de relancer des lignes abandonnées par la SNCF, plutôt que de se tourner vers celles considérées comme rentables. Une initiative permise par l’ouverture à la concurrence du ferroviaire prévue pour la fin de l’année.

La proposition est inattendue : dans un monde ferroviaire qui demande des investissements aussi lourds que des locomotives, un poids léger a décidé de tenter de se faire une place. Railcoop, comme son nom l’indique, est une société coopérative ferroviaire. Si les amoureux du train l’avaient rêvée, ils n’auraient sans doute pas fait mieux. Elle compte réinvestir plusieurs pans de l’offre ferroviaire peu à peu délaissée par la SNCF et les politiques publiques ces dernières années : trains entre régions permettant d’éviter la centralisation parisienne, fret et train de nuit.

Ses premiers trains de fret pourraient rouler dès 2021, et surtout, la première ligne voyageurs devrait s’ouvrir mi-2022, entre Bordeaux et Lyon. Tout un symbole, alors que la liaison avait été abandonnée par la SNCF en 2014. Le projet est permis par l’ouverture totale à la concurrence du trafic ferroviaire, prévue pour fin 2020. «C’est l’occasion de proposer un modèle alternatif, estime Alexandra Debaisieux, directrice générale déléguée de la société. Nous partons du principe que le ferroviaire est un maillon important de la transition énergétique.»

L’idée a germé début 2019. À la manœuvre, un conseil d’administration rassemblant des personnes issues de l’économie sociale et solidaire, de l’associatif, un ancien cheminot, ou encore des consultants sur les questions de climat et de mobilité (mais seulement des hommes…). Les compétences se sont associées, pour aboutir à la création d’une Scic (société coopérative d’intérêt collectif). Dans cette coopérative, une personne égale une voix, quel que soit le nombre de parts de la société qu’elle possède.

Six trains par jour et de nombreux services

Pour choisir le trajet Bordeaux-Lyon, «on a regardé les flux aériens de voyageurs de province à province, explique encore la directrice déléguée. Puis on a croisé avec les données sur l’augmentation du trafic routier». Leurs études de marché prédisent que la ligne, malgré un temps de trajet annoncé de 6 h 47, a un potentiel de 690.000 voyageurs par an et sera rentable. «Certes, la SNCF l’a fermée en disant qu’il n’y avait plus assez de voyageurs. Mais elle n’investissait plus. Si vous ne proposez pas un service performant en matière de confort et de ponctualité, vous découragez les gens.» Railcoop veut à l’inverse proposer des wagons confortables, de la place pour stocker vélos, poussettes ou skis, ainsi que des partenariats avec des événements dans les territoires traversés, comme les festivals. Le prix de base a été fixé à 38 euros. Ainsi, le trajet serait plus long qu’en prenant le TGV avec une correspondance par Paris… Mais coûterait bien moins cher. Six trains circuleraient chaque jour, soit trois dans chaque sens.

Railcoop a ainsi notifié à l’Autorité de régulation des transports, le 9 juin dernier, son intention d’opérer sur cette ligne. Ce n’est qu’une des nombreuses étapes qui restent à franchir. La coopérative doit, pour faire rouler ses trains, obtenir un certificat de sécurité et une licence ferroviaire, qui ne sera décernée que si elle atteint au moins 1,5 million d’euros de capital social d’ici la fin de l’année. La société s’est donc lancée dans une campagne de recrutement de nouveaux sociétaires. Particuliers, associations, entreprises, collectivités locales peuvent acquérir des parts sociales, chacune coûtant 100 €. Le 19 juin, 785 sociétaires avaient déjà été recrutés. «Au vu de la montée en puissance du capital social, je pense que d’ici la fin de l’année on aura dépassé les 1,5 million nécessaires», se réjouit Alexandra Debaisieux.La ligne Bordeaux-Lyon que Railcoop entend remettre en service.

Et puis, il faut aussi trouver des trains — du «matériel roulant», comme on dit dans le milieu. Railcoop en a besoin de six, qui valent 11 millions d’euros chacun. Difficile de rassembler 66 millions d’euros, la coopérative cherche donc une société capable de les acheter, pour ensuite les leur louer. «On est en discussion avec deux loueurs, explique la directrice déléguée. Avant la crise du Covid, ils demandaient des garanties accessibles. Désormais, nous sommes en discussion avec le cabinet du secrétaire d’État aux Transports et avec des régions pour voir s’ils peuvent se porter garants sur le matériel.»

L’ouverture à la concurrence, sujet de débats

Le projet paraît donc en bonne voie et il convainc écolos et associations de voyageurs, telle que la Fnaut (Fédération nationale des associations d’usagers des transports). «C’est une bonne nouvelle, la radiale Lyon-Bordeaux manque vraiment et trop de personnes sont poussées à prendre l’avion», approuve Anne Lassman-Trappier, chargée des questions de transport à France Nature Environnement. «Railcoop va démontrer qu’il y a un modèle économique pour le ferroviaire, et tordre le cou à l’idée que le train est un gouffre économique qui ne survit que grâce à l’argent public», espère Valentin Desfontaines, responsable du dossier mobilité au Réseau Action Climat.

Côté CGT cheminots, où l’ouverture à la concurrence a été fortement combattue, l’accueil est plus mitigé. Localement, les cheminots de la CGT Bordeaux, qui s’étaient opposés à l’abandon de la ligne, ne cachent pas une petite amertume et ont publié un communiqué. «Si un opérateur ferroviaire se positionne sur cette liaison Bordeaux-Lyon, c’est qu’il y a un besoin, c’est ce qu’on a toujours dit, se félicite David Plagès, de la CGT cheminots régionale. Mais si l’ouverture à la concurrence était la solution, cela se saurait. Sur le fret, cela n’a pas fonctionné.» Il aurait préféré que ce soit la SNCF qui rouvre la ligne, avec un véritable investissement dans la rénovation des voies vieillissantes. «Il n’y aura pas le report tant souhaité de la voiture vers le train s’il n’y a pas d’amélioration de la ligne, pour que le train puisse aller plus vite», poursuit-il.

«Ce projet apporte plusieurs choses positives, reconnaît au niveau national le secrétaire général de la CGT cheminot, Laurent Brun. Ils veulent faire avec les gens des territoires, partent des besoins des voyageurs, affichent que les bénéfices seront totalement réinvestis… C’est rafraîchissant!»Autorail tri-caisses X 72500 de la Région Rhône-Alpes effectuant la relation «Intercités» Bordeaux-Lyon, ici en gare de Saint-Sulpice-Laurière – 19 janvier 2008.

«Mais j’ai quand même de gros doutes sur la faisabilité, estime cet expert du rail. Par exemple, ils disent que la SNCF a un fonctionnement trop lourd et qu’ils feront mieux, qu’ils vont doubler le niveau d’utilisation des locomotives. Mais, dans ce cas, soit ils vont enchaîner les pannes, soit le matériel va vieillir à vitesse grand V. Je les trouve aussi ambitieux sur la fréquentation annoncée.»

Surtout, c’est la question du financement qui interpelle le syndicaliste cheminot. Le financement prévoit que les parts sociales achetées par des particuliers ne suffiront pas, il faudra des aides publiques. «Railcoop va devoir frapper à toutes les portes — villes, départements, régions — et s’ils attribuent des subventions, on se demande alors pourquoi ils ne les ont pas données avant pour éviter que la ligne soit fermée par la SNCF?» «Je suis étonné de la façon dont les politiques se saisissent du sujet dans ce contexte d’ouverture à la concurrence, alors qu’ils ne l’avaient pas fait avant», enchérit David Plagès depuis Bordeaux. «J’y vois un dogme.»

«Prendre des parts de marché à la voiture individuelle, à l’autocar, à l’avion»

Railcoop, de son côté, dit proposer aux collectivités qui le souhaitent un autre modèle que celui de la subvention, via l’achat de parts sociales de la coopérative. «Les collectivités locales seront copropriétaires de l’outil, on coconstruit le service ferroviaire en associant les usagers et les territoires», explique Alexandra Debaisieux. Au moins une collectivité d’importance pourrait s’engager.

Par ailleurs, la coopérative rappelle, dans ce contexte d’ouverture du rail à la concurrence, qu’elle a fait le choix de ne pas se positionner sur des lignes déjà exploitées par la SNCF. [1] Elle veut plutôt ajouter de nouvelles liaisons. «Notre positionnement n’est pas de concurrencer la SNCF, mais de venir compléter le maillage ferroviaire. Notre objectif est de prendre des parts de marché à la voiture individuelle, à l’autocar, à l’avion», assure Alexandra Debaisieux.

Le parcours de ce nouvel acteur, original dans le monde du rail, devrait être suivi de près. Et quel que soit le résultat, «l’intérêt est que ça fait débattre autour de l’enjeu de relancer le train, et cela va obliger les politiques à se positionner, à dire s’ils croient au rail», ajoute Laurent Brun, de la CGT cheminots, qui n’exclut pas de proposer une rencontre à la coopérative.

C’est maintenant que tout se joue…

Le désastre environnemental s’accélère et s’aggrave, les citoyens sont de plus en plus concernés, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale dans le traitement de l’actualité.
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[1] Sur ces liaisons, l’ouverture à la concurrence va permettre soit de remplacer la SNCF par une autre compagnie via un appel d’offre (cas des TER), soit à plusieurs entreprises différentes de proposer des trains sur la même ligne (cas des TGV).


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Source : Marie Astier pour Reporterre

Photo :
. chapô : Rame «Turbotrain» effectuant la liaison Bordeaux-Lyon à l’arrêt en gare de Limoges Bénédictins – 14 septembre 2003. Wikipedia (Tuyra/CC BY-SA 3.0)
. Intercité : Wikipedia (Tuyra/CC BY-SA 3.0)

Pour Berling, la culture est «sacrifiée à l’autel d’un consumérisme effroyable»

Après le report de la réouverture des théâtres, des cinémas et des musées, plusieurs acteurs ont réagi, entre colère et dépit.Par Le Figaro Publié le 11/12/2020 à 09:58, mis à jour le 11/12/2020 à 11:08

De l’espoir pour le monde de la culture, et puis finalement rien. Devant la résurgence de l’épidémie, le premier ministre Jean Castex a annoncé hier soir le report de la réouverture des salles de cinéma et des théâtres, prévue le 15 décembre. Il faudra donc attendre a minima le 7 janvier pour profiter d’un film ou d’une pièce en salle, une décision controversée qui provoque à nouveau l’ire des professionnelles du milieu.

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C’est affligeant, je suis consterné par ce qui vient d’être dit», a réagi le comédien et metteur en scène Charles Berling sur LCI. «On entasse les gens dans les métros, je ne vois que des embouteillages, les grandes surfaces sont bondées et tout d’un coup on met en pâture le spectacle vivant. Ça en dit long sur la politique effroyable qui est menée et qui détruit un secteur qui est déjà lourdement impacté», s’est-il emporté, estimant que le monde de la culture est «sacrifié à l’autel d’un consumérisme absolument effroyable».

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Une colère partagée par le président du Syndicat national des théâtres privés Bertrand Thamin, également directeur du théâtre Montparnasse. «Nous sommes accablés. Ces décisions sont contestables sur le fond puisque l’on maintient les lieux de cultes ouverts et pas les théâtres ou les cinémas. Et sur la forme… Voilà quatre jours, qu’ils nous font poireauter, qu’ils laissent entendre que… Personne ne nous a appelé pour en parler et il faut attendre cette conférence de presse, où, en plus, ils ont l’air très contents d’eux», a-t-il déclaré dans Le Parisien .

Voilà quatre jours, qu’ils nous font poireauter, qu’ils laissent entendre que… Personne ne nous a appelé pour en parler et il faut attendre cette conférence de presse, où, en plus, ils ont l’air très contents d’euxBertrand Thamin, président du Syndicat national des théâtres privés

Outre la colère, les professionnels de la culture ont aussi peur pour leur avenir. L’acteur François Morel s’est ainsi dit «inquiet» pour son métier. «Je crains que les gens ne perdent l’habitude de sortir de chez eux pour aller voir un film ou un spectacle», a-t-il ajouté, toujours dans le quotidien francilien. Sur le même ton, Jean Dujardin a simplement publié sur Instagram le générique de La Dernière Séance, l’émission de cinéma présentée par Eddy Mitchell et dont le nom n’aura jamais été autant d’actualité. La chanteuse et actrice Hollysiz s’est également fendu d’une publication à la gloire de «la France « non-essentielle »».

La société de distribution Le Pacte a enfin publié une courte vidéo en amont des annonces de Jean Castex. Celle-ci demandait la réouverture des salles, montrant en parallèle le respect des mesures sanitaires dans ces dernières et les foules amassées dans les grands magasins et les métros. Le post a été partagé par de nombreuses personnalités du milieu, notamment l’acteur Pierre Niney.

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Absente lors de l’élocution hier soir, la ministre de la culture Roselyne Bachelot aura fort à faire dans les prochains mois pour renouer le dialogue entre le gouvernement et le monde du spectacle.

Le gouvernement face au Covid : les constats accablants du Sénat et de l’Assemblée

12/12/2020 Par Rosalie LafargePierre Neveux et Eric Chaverou

Repères | »Nous avons ressenti de la stupeur, beaucoup d’incompréhension et même de la colère devant l’état manifeste d’impréparation du pays » a affirmé jeudi Alain Milon (LR), président de la commission d’enquête du Sénat. Des accusations de sous estimation puis d’erreurs également exprimées par l’Assemblée.

Le directeur général de la Santé Jérôme Salomon, à droite, vient d'être particulièrement visé par la commission d'enquête du Sénat. Elle l'accuse d'une décision de 2018, sans en référer, qui aurait mené à la pénurie de masques face au Covid.
Le directeur général de la Santé Jérôme Salomon, à droite, vient d’être particulièrement visé par la commission d’enquête du Sénat. Elle l’accuse d’une décision de 2018, sans en référer, qui aurait mené à la pénurie de masques face au Covid.• Crédits : Ludovic Marin / pool – Maxppp

Quelques jours après l’Assemblée nationale, le Sénat vient de révéler les conclusions du rapport de sa commission d’enquête sur la gestion de la crise sanitaire. Après six mois de travaux et 47 auditions, les sénateurs font le bilan. Comme leurs collègues députés, ils critiquent sévèrement l’exécutif. Mais ils pointent particulièrement du doigt la responsabilité d’un homme dans le fiasco des masques : le numéro 2 du ministère de la Santé, Jérôme Salomon, directeur général de la Santé. Alors que 96 plaintes à l’encontre de ministres ont été adressées pour mise en danger de la vie d’autrui ou homicide involontaire à la cour de Justice de la République.

Une succession d’erreurs de Jérôme Salomon selon les sénateurs

Un défaut de préparation et de communication ou une mauvaise gestion des masques sont quelques-uns des griefs sénatoriaux. Avec un homme particulièrement visé et un peu connu du grand public pour ses points d’étape sanitaire : Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé. Sa première erreur, d’après la commission sénatoriale, est d’avoir décidé, il y a deux ans, de ne pas renouveler le stock de masques chirurgicaux. Pourtant, en 2018, le Professeur Salomon est informé par l’agence sanitaire Santé Publique France de la non conformité de la quasi totalité des masques stockés. Il choisit alors, sans prévenir la ministre Agnès Buzyn, soulignent les sénateurs, de détruire les plus de 600 millions de pièces concernées et de n’en racheter que 100 millions. Catherine Deroche, la rapporteure LR de la commission d’enquête, précise que :

Concrètement, il a donc été décidé, subitement, unilatéralement, sans en référer au pouvoir politique, que le pays ne pourrait plus compter sur un stock massif de masques. Et ce, sans même avoir vérifié surtout que les capacités d’approvisionnement permettaient de prendre rapidement le relais en cas de crise. 

Les sénateurs s’appuient sur des échanges de mails publiés par la commission. Co rapporteur, Bernard Jomier est sénateur écologiste (apparenté socialiste) :

On établit formellement qu’il y a eu intervention du directeur général de la Santé sur un rapport d’expert. Ce rapport a bien été modifié, c’est un dysfonctionnement grave du fonctionnement des pouvoirs publics.

Catherine Deroche de souligner que « La modification formulée par le DGS est importante parce qu’il était mis l’accent sur un stock massif. Or lui avait fait le choix de plutôt avoir un stock très faible. A notre sens, il a donc souhaité modifier les termes du rapport d’expert. De façon à ne pas être contredit dans la stratégie qu’il avait lui même choisi.« 

La direction générale de la Santé n’a pas répondu à nos sollicitations mais a assuré jeudi soir dans un communiqué qu’ »aucune pression » n’avait été exercée pour faire modifier a posteriori un rapport d’expert. Le texte d’ajouter que Jérôme Salomon « tient à préciser qu’il a lui-même fourni l’ensemble des échanges de mails aux membres de la commission d’enquête du Sénat », une démarche qui « participe d’une volonté totale de transparence ». Bernard Jomier, co-rapporteur de la commission d’enquête, a démenti cette affirmation : « Jérôme Salomon n’a pas envoyé les mails lui-même, ce n’est pas vrai » a soutenu le sénateur de Paris, qui insiste : « C’est inexact« .

Quoi qu’il en soit, sans nier la gravité de ces faits, d’autres sénateurs, communistes notamment, insistent : si on en est là aujourd’hui, ce n’est pas la faute d’un seul homme et d’une seule décision, mais bien d’un système de santé à bout de souffle, épuisé depuis déjà des années.  https://platform.twitter.com/embed/index.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-1&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1337006518399590402&lang=fr&origin=https%3A%2F%2Fwww.franceculture.fr%2Fpolitique%2Fle-gouvernement-face-au-covid-les-constats-accablants-du-senat-et-de-lassemblee&siteScreenName=franceculture&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550pxhttps://platform.twitter.com/embed/index.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-2&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1308803720776429571&lang=fr&origin=https%3A%2F%2Fwww.franceculture.fr%2Fpolitique%2Fle-gouvernement-face-au-covid-les-constats-accablants-du-senat-et-de-lassemblee&siteScreenName=franceculture&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Le constat accablant de la commission d’enquête de l’Assemblée

« Sous-estimation du risque », « pilotage défaillant de la crise », une France « mal armée ». C’est notamment en ces termes que la commission d’enquête de l’Assemblée nationale a qualifié le 2 décembre dernier la politique gouvernementale face au Covid-19. Il s’agit là aussi d’un travail de six mois, piloté par Les Républicains. Avec plus de cinquante auditions, dont celle de l’ex-Premier ministre Edouard Philippe, de plusieurs ministres de la Santé successifs ou de Didier Raoult. La gestion de la crise a été « chaotique » et a révélé des « failles structurelles« , a au final estimé devant la presse Eric Ciotti. Le rapporteur LR de la commission anticipant de cinq jours la publication officielle du rapport.https://www.dailymotion.com/embed/video/x7xu7wh

Il est question dans ce texte de « stocks stratégiques insuffisants », « des messages contradictoires sur le port des masques », d' »une campagne de tests lente à se déployer ». Le rapport parle également de l’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, alertée dès le mois de janvier par la Direction générale de la Santé alors que Emmanuel Macron a enclenché le confinement le 16 mars. « Nous n’étions pas prêts » constatent sans appel les députés. Et de cibler une trop grande centralisation, la complexité de la chaine de commandement, sa lourdeur. Ministère, cellules de crise, Agences régionales de Santé, préfets. Tout cela a conduit à un manque de préparation et à une perte d’efficacité que pointe le vice-Président de cette commission d’enquête : le président du groupe LR à l’Assemblée : Damien Abad.

La commission invite donc l’Etat à retrouver une souveraineté sanitaire et elle fait près de trente recommandations, notamment pour une médicalisation des Ephad, les « grands oubliés de la première vague ». Et le co rapporteur LR de la commission d’enquête, Eric Ciotti, propose une réorganisation de l’ensemble de la santé, avec une prise de décision plus centralisée. Elle serait pilotée par un ministère de l’anticipation des crises sanitaires placé sous l’autorité du Premier ministre.

Face à ces critiques, les députés de la majorité LREM et MoDem se sont abstenus. Tous les autres membres se sont prononcés pour. « Nous ne pouvions voter pour un rapport partial et partiel« , a déclaré le député LREM Julien Borowczyk, président de la commission.https://www.dailymotion.com/embed/video/x7xu6xe

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a lui défendu les actions menées : 

Nous avons montré que nous étions à la fois dans la gestion et dans l’adaptation de la politique qui est menée face à un virus qui bouscule l’organisation des pays du monde entier.

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Les irresponsables de la République

Qui a bien pu penser, quelque part sous les ors de la République, qu’il restait assez de crédit politique pour le dilapider en un dîner nocturne ?

Dans l’épuisant chaos de cette gestion de crise, il y avait un message plutôt clair, répété avec une certaine constance depuis quelques semaines : « pas plus de six à table », a dit Emmanuel Macron le 14 octobre au 20 heures, les yeux dans les yeux des Français. C’est une « règle dont je voudrais que chaque citoyenne et citoyen se l’approprie pleinement ».

Le président de la République a été testé, ce jeudi matin, positif au coronavirus. Or hier soir, révèle Le Point, il dînait avec des membres de la majorité et de sa garde rapprochée : le premier ministre Jean Castex, le secrétaire général Alexis Kohler, le président du groupe LREM à l’Assemblée Christophe Castaner, le président du Modem François Bayrou, etc. Ils n’étaient pas 6 à table, mais « une dizaine »Ce dîner n’était pas à l’agenda du président, et s’est terminé « à minuit et demi », enfreignant au passage le couvre-feu fixé à 20 heures.

Ce n’était même pas un écart. Alors que les Français s’apprêtent à se priver d’une partie de leur famille le soir de Noël, mardi, le président de la République a déjeuné avec les 9 présidents de groupe à l’Assemblée. Ils étaient 11 à table, puisque le président de l’Assemblée Richard Ferrand était également présent, comme au dîner de mercredi soir, en habitué.Emmanuel Macron, le 10 décembre, en Belgique. © JOHN THYS / POOL / AFPEmmanuel Macron, le 10 décembre, en Belgique. © JOHN THYS / POOL / AFP

Lundi, Emmanuel Macron a encore déjeuné avec le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, le président du conseil européen Charles Michel, et Angel Gurría, le secrétaire général de l’OCDE.

« La crise de confiance tient moins aux discours qu’au décalage entre les discours et les actes », vient pourtant d’oser affirmer Emmanuel Macron, dans un entretien de haut vol qu’on peinerait à résumer, où il évoque son rapport à la langue française et au discours politique.

« Si vous […] ou moi-même nous tombons malades demain, c’est que nous n’aurons pas fait aussi attention que nécessaire […]. C’est une question de responsabilité », sermonnait, quelques semaines plus tôt, Richard Ferrand, quatrième personnage de l’État.https://platform.twitter.com/embed/index.html?dnt=false&embedId=twitter-widget-0&frame=false&hideCard=false&hideThread=false&id=1321718252913991680&lang=fr&origin=https%3A%2F%2Fwww.mediapart.fr%2Fjournal%2Ffrance%2F171220%2Fles-irresponsables-de-la-republique%3Fonglet%3Dfull&siteScreenName=Mediapart&theme=light&widgetsVersion=ed20a2b%3A1601588405575&width=550px

Les prenant au mot, on peut affirmer qu’il y a des irresponsables à la tête de la République.

Les femmes et les hommes politiques, en raison de leurs nombreux contacts, présentent de haut risque de contracter et de propager le virus. Au printemps, le coronavirus a circulé à l’Assemblée nationale, le député Les Républicains du Haut-Rhin Jean-Luc Reitzer en a réchappé de justesse.

Il circule de nouveau au cœur de l’État, de déjeuners officiels en dîners officieux, de conseils de ministres en conseils européens. En tout autre lieu, une urgente campagne de dépistage serait conduite, au plus vite.

Las ! L’Élysée s’en tient à la définition, très lâche, du cas contact : un contact à moins d’un mètre, quelle que soit sa durée, ou de 15 minutes dans un lieu confiné. Les palais de la République autorisant la distance sociale, seuls Jean Castex, Richard Ferrand et Alexis Kohler sont considérés comme des cas contacts, a communiqué l’Élysée.

Pendant ce temps, tous les habitants du Havre sont invités par le maire et ancien premier ministre Édouard Philippe à la première campagne de dépistage massif, financée par l’État. Jusqu’ici, ils n’affluent pas.

Pourquoi suivraient-ils les tristes consignes sanitaires quand leurs dirigeants ne se les appliquent même pas ? Comment alors éviter une nouvelle explosion épidémique avec les fêtes de fin d’année ?

Faute d’avoir su éradiquer le virus, à l’image de la plupart des pays asiatiques, la France ne parvient qu’à freiner sa circulation, en limitant les contacts à risque. Or les repas jouent un « rôle central » dans la propagation du virus, comme l’ont montré de nombreux exemples de super-contaminations à l’étranger, et comme le confirme enfin la première étude française sur les lieux de contamination au SARS-CoV-2, publiée par l’institut Pasteur.

C’est une étude d’ampleur, réalisée avec l’assurance-maladie, Santé publique France et l’Institut Ipsos, auprès de 30 000 Français testés positifs entre les 17 et 29 octobre derniers.

Elle rappelle à quel point le virus est contagieux, se joue des gestes barrières au moindre relâchement, passe inaperçu chez de nombreuses personnes. 35 % des cas positifs interrogés ne savent pas comment ils ont été contaminés. 44 % connaissent la personne source et 21 % suspectent un événement particulier.

L’importance des contaminations à l’intérieur des familles est confirmée. Quand la personne source est connue, elle est, dans 35 % des cas, à l’intérieur du foyer, et la plupart du temps ce sont les conjoints. Quand la contamination a eu lieu à l’extérieur des foyers, elle survient dans un tiers des cas « dans le cercle familial (33 %), puis dans le milieu professionnel (29 %), puis dans le milieu amical (21 %) ». Et « les repas jouent un rôle central dans ces contaminations, que ce soit en milieu familial, amical, ou à moindre degré professionnel », insiste l’Institut Pasteur. « Les bureaux partagés sont également importants en milieu professionnel. »

L’utilité du masque est confirmée. Il « n’a été ni porté par la personne source ni par le cas index dans 93 % des cas de contamination dans la sphère privée et 45 % dans la sphère professionnelle ». Mais dans 55 % des cas, dans la sphère professionnelle, le masque n’a pas empêché la transmission du virus. L’étude rappelle aussi l’importance d’aérer : « Le contact a eu lieu en intérieur (fenêtres fermées) dans environ 80 % des cas. »

L’étude évalue également le risque d’être contaminé. Certaines professions sont plus à risque : les cadres administratifs, les professions de la santé, les ouvriers de l’industrie, les chauffeurs. Avoir participé à une réunion professionnelle ou familiale est aussi un facteur de risque, comme la fréquentation des bars, restaurants, et salles de restaurants.

Le risque augmente avec le nombre de personnes vivant dans le foyer, ou encore avec la pratique du co-voiturage.

Revient ce même paradoxe avec les enfants : ils sont rarement identifiés comme des sources de contamination. Pourtant, vivre avec des enfants qui fréquentent la crèche, l’école primaire ou maternelle, le collège ou le lycée représente un sur-risque d’être infecté. Pour les auteurs, cela prouve une nouvelle fois que les enfants sont peu ou pas symptomatiques. Mais ils peuvent transmettre, n’en déplaise au ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer.

D’une manière étonnante, le personnel enseignant parvient à se protéger du virus : il est moins à risque que le reste de la population. Cela montre l’efficacité du port du masque, mais aussi leur respect des gestes barrières.

Plus surprenant encore : les étudiants sont eux aussi moins exposés. Pourtant, les jeunes ont été très touchés par le virus cet été. Les auteurs ont une explication : quand l’étude a été réalisée, à l’automne, les universités étaient fermées, ce qui « a permis de contrôler la circulation du virus dans cette population ».

Manque dans l’étude le personnel politique. Mais l’agenda des derniers jours d’Emmanuel Macron montre qu’il persiste dans de nombreux comportements à risque.

Le président de la République clôt donc à l’isolement cette année tragique, parachevant le riche bêtisier politique. La séquence est symptomatique de la conduite politique de cette crise sanitaire : des mesures drastiques prises au pied du mur. Puis le déni, l’oubli, le désir de « vivre avec le virus », qui est le désir du monde d’avant.

MACRON, UNE NUISANCE A CHASSER A TOUT PRIX

Raoul Marc Jennar

Quel crédit accorder à un Président de la République qui ne respecte pas lui-même les consignes qu’il ordonne aux Français ? Il s’autorise des dîners avec sa bande de coquins à l’Elysée qu’il interdit aux honnêtes citoyens dans leurs chaumières. Quel crédit accorder à une parole publique faite en permanence de mensonges, de contradictions et d’incohérences ?Ce type doit partir. Et la bande qui le soutient aussi.Jamais un Exécutif n’a fait autant de mal à la France et aux Français. Jamais un Président de la République n’a exprimé autant de mépris pour « les riens » que nous sommes; jamais les attentes profondes du peuple, conformes aux aspirations qui se sont exprimées en 1936, en 1944-45, en 1981, en 2005 n’ont été traitées avec une telle arrogance. Jamais, il n’y a eu autant de contradictions entre le discours officiel et la pratique gouvernementale, ce qui est encore une manière d’insulter l’intelligence collective.Le plan systématique de transformation de notre société pour réaliser le modèle libéral anglo-saxon se poursuit : l’école publique, la santé publique, la culture, les autres services publics sont des cibles que Macron entend privatiser quelles que soient les circonstances. Peu importe l’appauvrissement du peuple, peu importe la crise écologique, peu importe la pandémie. Jamais la France n’a été enfermée à ce point dans un carcan idéologique.Cet individu qui parle de transparence pour qu’on s’apitoie sur son médiocre sort dans la résidence somptueuse de La Lanterne oublie la transparence dès lors qu’il s’agit, dans le secret, de démanteler l’Education nationale, de fermer des lits d’hôpitaux, de privatiser EDF, la SNCF, l’Office des Forêts, les barrages et les routes nationales, de détruire les outils culturels et ceux qui leur donnent vie. Combien de temps encore allons-nous supporter celà ? Quand allons-nous nous rassembler pour chasser ces gens-là, ces laquais du monde des affaires et de la finance, ces héritiers de Thiers, de Mac Mahon, de Pompidou, de Giscard, de Sarkozy et de Hollande ? Vous n’en avez donc pas marre ? Vous ne percevez donc pas qu’on va se trouver à un tournant historique en 2022 ? L’histoire du terrible XXe siècle nous apprend que l »aveugle passion des acteurs et des partis politiques peut mener au pire quand ils sont incapables de se dépasser. Hitler ne serait pas arrivé au pouvoir si sociaux-démocrates et communistes allemands s’étaient alliés au lieu de se combattre. Le Pen ou Macron – la peste ou le choléra – seront au pouvoir après 2022 si, de Besancenot à Montebourg, on ne se rassemble pas sur un projet qui offre une vraie alternative démocratique, sociale et écologique aux politiques menées en France, par tous les gouvernements, depuis 1983.Les pauvres vies individuelles ne sont rien si elles ne sont pas portées par un puissant mouvement populaire. Les partis politiques ne sont pas une fin en soi ; ils ne sont qu’un outil momentané pour réalisé des objectifs ponctuels. Vous ne percevez donc pas que se rassembler, ce n’est ni se rallier à une personne, ni se replier sur une structure ?Vous ne sentez donc pas que ce qui est en cause est des millions de fois plus important que les égos surdimensionnés de certains, la carrière politique d’autres ou l’existence d’un parti ? Aucun homme, aucun parti n’a le monopole de l’aspiration démocratique, du patriotisme économique, de la justice sociale, de la transformation écologique. Alors, bon sang, rassemblez vous et réussissez ce que vous avez raté depuis notre victoire volée de 2005 !Je sais déjà les réactions de ceux qui ne regardent que leur héros ou leur drapeau. Elles viendront de ceux qui portent le pire des virus : celui de la division.