- 27 SEPT. 2020
- PAR CAPUCINESAUVAGE
- BLOG : LE PONT
Le journaliste étatsunien Andre Vltchek a été retrouvé mort à Istanbul le 22 septembre 2020. C’est pourquoi j’ai décidé de traduire cet article d’avril 2020 qui je l’espère permettra à certains de désaxer leur regard sur le monde, de faire un pas de côté.
Andre Vltchek se présente comme «romancier, philosophe, cinéaste et journaliste d’investigation ainsi que «révolutionnaire, internationaliste et globe-trotter qui lutte contre l’impérialisme occidental et le régime imposé au monde par l’Occident».
Le journaliste étatsunien a été retrouvé mort à Istanbul le 22 septembre 2020. (La police turque considère cette mort comme suspecte.) C’est pourquoi j’ai décidé de traduire cet article d’avril 2020.
On nous a toujours dit ce qu’il fallait penser et ce qui est vrai d’après des Blancs d’Europe et d’Amérique du Nord. Ils savaient tout, ils étaient les plus qualifiés, on nous assurait.
Quand j’écris « blanc », je ne parle pas seulement de leur race ou de la couleur de leur peau. Pour moi, « blanc » est une catégorie culturelle, une sorte d’identité occidentale.
Nous, Russes, Cubains, Vénézuéliens, Chinois, Iraniens, Turcs, ne sommes pas vraiment « blancs », même si la couleur de notre peau l’est, et nous n’essayons pas non plus d’être blancs. Nous avons notre propre façon de vivre et de penser, et la plupart d’entre nous sont du côté des opprimés ; nous nous tenons fermement aux côtés des « damnés de la terre », intuitivement. Pendant des siècles, nos nations ont été pillées et attaquées. Des millions de nos citoyens ont disparu lors d’invasions et de génocides, un peu comme ceux qui ont eu lieu en Afrique et dans d’autres parties du monde « non blanc ».
Nous avons toujours été étudiés, nous avons été analysés, nous avons été décrits par ces scribes et journalistes confiants venant principalement du Royaume-Uni et d’Amérique du Nord. Ils savent mieux que quiconque qui nous sommes et quel type de systèmes politiques et culturels nous méritons et devrions viser. Ces gens savent parler. Leurs accents sont si parfaits, si « scientifiques ». S’ils disent quelque chose, ce doit être purement vrai, car ils sont qualifiés, ils dirigent le monde depuis des siècles.
Nous, les Autres, sommes censés nous taire et écouter, pour apprendre qui nous sommes vraiment pour les maîtres de l’univers. À leurs yeux, nous ne sommes personne, guère plus que des animaux dont on attend qu’ils écoutent, qu’ils respectent des ordres et qu’ils servent. On attend de nous que nous marchions docilement vers l’abattage quand il nous est demandé.
Les dirigeants blancs du monde croient vraiment qu’ils en savent plus sur nous que nous n’en savons sur nos propres peuples et pays.
Et que Dieu nous préserve que l’un d’entre nous, un « non-blanc », ose exprimer publiquement une opinion négative sur l’Europe, l’Amérique du Nord ou l’Australie !
Bien que les opinions des non-blancs soient généralement ignorées de toute façon, nous n’avons néanmoins pas le droit de juger l’Occident. Nous devons nous asseoir poliment, avec soumission, écouter et prendre des notes.
Avez-vous déjà vu un Chinois apparaître dans une émission de télévision britannique ou américaine proposant des analyses communistes de l’Occident ? Avez-vous déjà vu un socialiste iranien ou un Chavista vénézuélien critiquer le capitalisme britannique ou canadien ? Ce serait impensable, n’est-ce pas ?
Et honnêtement, regardez les médias dits indépendants ou « progressistes » aux États-Unis ou au Canada. La situation y est fondamentalement la même, à quelques rares, très rares exceptions près.
Une fois de plus, les hommes blancs, principalement anglo-saxons, « savent ce qu’il y a de mieux » : que ce soit à propos des récentes manifestations antiracistes aux États-Unis, ou de l’origine de COVID-19. Même s’ils ne savent rien de précieux, absolument rien, ils sont encore souvent considérés comme les « experts » les mieux informés, les plus qualifiés, parce qu’ils ont des noms, une apparence et une prononciation appropriés. Parce qu’ils sont blancs, soignés d’une certaine manière et capables de mentir de manière acceptable.
Il y a quelques heures, j’ai regardé un enregistrement, un dialogue entre deux « experts », qui a été mis en ligne par des médias nord-américains « indépendants ». Ils discutaient de COVID-19.
Ce qui était particulièrement frappant, c’était l’arrogance : « nous savons tout, et vous ne savez rien », les petits sourires sarcastiques ; les deux hommes faisaient clairement preuve d’un mépris dégénéré pour le monde. Naturellement, les deux étaient blancs. Je vous rappelle encore une fois que je ne parle pas tant de la couleur de leur peau que de leur attitude et de leur culture.
Pendant la quarantaine de minutes où ils ont pris la parole, il n’y a eu aucune référence à la formidable victoire de la Chine sur la pandémie. Aucune mention du Vietnam ou de Cuba. C’était juste eux qui parlaient. Il s’agissait d’eux, de leur monde, et certainement pas de la vérité objective.
Ce même media m’a pratiquement mis à la porte et a cessé de réimprimer mes essais dès que nos opinions ont commencé à diverger sur des sujets importants tels que le soulèvement aux États-Unis, COVID-19 et la Chine. Quand j’ai cessé de me comporter selon les croyances et les valeurs des Blancs, j’étais viré.
Ce n’était ni ma place ni mon droit de parler de l’Occident dans ce moment historique crucial. Après tout, je n’étais qu’un autre de Russie/Chine. C’était le moment pour les dirigeants du monde de briller. Eux et eux seuls étaient qualifiés pour définir les crises dans leur propre société. Leurs publications ont fermé leurs portes à ceux qui étaient l’Autre. Pas tous, mais ils l’ont certainement fait.
Ces autres sont parfois autorisés à critiquer leur propre pays. Ils sont parfois autorisés à dénigrer leurs compatriotes non blancs. Mais jamais, jamais ils ne sont tolérés en tant que détracteurs éminents de l’Occident et de ses dirigeants.
Ils ne sont pas non plus autorisés à porter des jugements intellectuels importants : en Occident, on ne fait pas confiance aux Chinois pour décider si leur pays est communiste ou non ! De telles décisions sont prises pour eux à Montréal et à Londres, et si vous osez contredire les trotskystes occidentaux ou les anarcho-syndicalistes, vous serez réduits au silence, censurés et empêchés de publier. Que la Chine possède l’une des plus anciennes et des plus grandes cultures de la planète ne signifie rien. Que l’Iran soit un pays socialiste se décide à Paris ou à New York, pas à Téhéran. Ce qui s’est passé en Union soviétique entre les deux guerres mondiales n’est pas du ressort des Russes.
Toutes les grandes nations non occidentales sont censées apprendre à se connaître auprès de certains déserteurs britanniques, suisses, canadiens, dont la seule prétention à la gloire est d’être blancs et de venir de l’Ouest.
Une fois, un chauffeur de taxi à Téhéran s’est plaint à moi :
« Les Occidentaux Blancs viennent dans mon pays pour la première fois. Ils ne savent rien de l’Iran. Mais, après 5 minutes de trajet, ils commencent à me faire la leçon sur ma propre nation. »
Les Occidentaux Blancs ont le droit de critiquer ce qu’ils veulent et où ils veulent. Peu importe ce qu’ils en savent ou non. La plupart du temps, ils ne savent rien, absolument rien, et alors ? Souvent, ils parviennent même à infiltrer d’importants médias et des universités dans des pays indépendants et à enseigner aux révolutionnaires leur propre révolution. C’est ridicule ? Bizarre ? Oui, c’est vrai, mais c’est en train de se produire !
Aujourd’hui, alors que l’Occident s’effondre, les théories de la conspiration circulent un peu partout. Des inventions et des spéculations ridicules et stupides sont imprimées jour après jour. Même certains médias internationaux sérieux basés dans le monde non occidental sont tombés dans le piège. Ils engagent des armées entières d’écrivains britanniques, irlandais et nord-américains pour impressionner leurs lecteurs qui ne toléreraient jamais d’être « sermonnés » par des gens d’autres couleurs et d’autres cultures.
L’Occident, intellectuellement et moralement confus et corrompu, n’a pas été capable de penser rationnellement, il subit un lavage de cerveau complet. Cela s’applique à la fois aux écrivains et aux lecteurs. Il ne peut pas vivre sans « visages familiers », sans lignes de pensée familières.
Malgré sa confusion, il insiste pour parler. Il exige d’être écouté.
L’Occident croit qu’il est impossible d’apprendre des autres. Il ne sait que dicter, prêcher, mais ce qu’il dit n’est qu’un ramassis de bêtises incompréhensibles. Il s’agit d’un radotage raciste, fantasmagorique et irrationnel.
Les discours politiques occidentaux, les bavardages universitaires, la dégénérescence mentale hallucinogène d’Hollywood, les lésions cérébrales de Disneyland depuis la petite enfance et les récits surréalistes des médias réduisent la race humaine à rien, à un zéro intellectuel.
Le chaos et le manque de logique pathologique maintiennent le statu quo. Dans de telles conditions, aucune idéologie progressiste ne pourrait survivre. C’est donc le milieu le plus approprié pour les garçons blancs occidentaux et leur dictature mondiale.
Il est temps pour la majorité des orateurs occidentaux de se taire, de commencer à écouter. Idéalement, certains devraient être tenus responsables de leurs actes. Plus facile à dire qu’à faire ! Mais il n’y a pas d’autre solution.
Comme mon ton pourrait l’indiquer, j’en ai totalement marre de cette situation. Je travaille dans le monde entier, et j’ai donc une certaine base de comparaison. Il est clair pour moi que la plupart des Occidentaux blancs ont perdu leur avantage créatif. Leurs penseurs, écrivains et cinéastes produisent surtout des déchets. À quelques exceptions près, on peut dire la même chose du monde universitaire et du journalisme d’investigation.
Les journalistes russes, chinois et vénézuéliens peuvent voir l’effondrement des sociétés occidentales avec beaucoup plus de clarté que les Occidentaux eux-mêmes. Ils sont, en général, beaucoup plus qualifiés, instruits et capables de décrire la réalité et de critiquer objectivement.
En Occident, le niveau d’ignorance est vraiment frappant. La connaissance n’est pas une exigence. Seuls les papiers, les diplômes et les timbres fournis par le régime le sont.
Le monde a désespérément besoin d’entendre Les Autres. Tout comme il a besoin que Les Autres s’impliquent, qu’ils soient eux-mêmes, qu’ils empêchent les Occidentaux blancs de tuer des millions et des millions d’innocents aux quatre coins du monde, comme ils le font depuis plusieurs siècles sans interruption, et il a tout autant besoin que Les Autres érigent de nouveaux concepts, de nouvelles idéologies et de nouveaux principes moraux.
Liens des 6 articles d’André Vltchek traduits et publiés par la Gazette du Citoyen:
Cambodge: 1,5 million de morts suite à l’agression orchestrée par l’Occident et à la tromperie médiatique
Publié le 30 janvier 2018
Lien:
A Bangkok – ‘je ne parle pas ta langue, parle thaï ou meurs!’
Publié le 5 septembre 2018
Lien:
Des millions de migrants occidentaux inondent l’Asie, l’Amérique du Sud et même l’Afrique
Publié le 11 novembre 2018
Lien:
Comment je suis devenu révolutionnaire et internationaliste par André Vltchek (note, il s’agit du plus intéressant des 6 articles car c’est une autobiographie d’André Vltchek. Nous conseillons de le lire en priorité.)
Publié le 24 janvier 2019
Lien:
Pourquoi l’Occident est déterminé à ignorer le succès de la Chine
Publié le 24 août 2019
Lien:
Lettre ouverte aux jeunes de Hong Kong
Publié le 6 janvier 2020
Lien:
http://lagazetteducitoyen.over-blog.com/2020/01/lettre-ouverte-aux-jeunes-de-hong-kong.html
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