COVID-19 : la situation au Cambodge

La presse française étant généralement très avare de reportages positifs quand il s’agit du Cambodge, j’éprouve le besoin de fournir quelques informations sur la manière dont on gère la pandémie du COVID-19 dans ce pays où je vis. A la différence des autorités françaises et européennes, dès février 2020, le gouvernement cambodgien a pris au sérieux les informations venant de Chine. Il a donc anticipé et, dès début mars 2020 a lancé des campagnes de sensibilisation et pris des décisions: port du masque, gel hydro-alcoolique, distance physique, fermeture des écoles, des casinos, arrêt des transports en commun. Tous les établissements accueillant un public nombreux ont été tenus de vérifier la fièvre des entrants et d’imposer le gel. A l’entrée du pays (frontières terrestres, aéroports) obligation de présenter un test négatif effectué dans les 72h au lieu d’origine, nouveau test à l’arrivée (car on peut avoir été infecté pendant le voyage, ce que ne semblent pas comprendre certains étrangers quand ils arrivent) et, si une personne du groupe (les passagers d’un avion par ex.) était positive, quarantaine pour tous les passagers dans des hôtels réquisitionnés pour la circonstance. Résultat : un an après, le 20 février de cette année : 454 cas, tous des étrangers ou des Cambodgiens rentrant de l’étranger et pas un seul décès. La situation est restée parfaitement sous contrôle pendant un an. Quand je pense que, pendant la même période, je suis rentré deux fois en France sans jamais avoir été contrôlé à l’aéroport de Roissy CDG ! Malheureusement, le 20 février une riche touriste étrangère, constatée positive au variant britannique (inconnu jusque-là au Cambodge), en traitement dans un hôtel, a soudoyé un gardien, un soir, et est sortie pour se rendre dans un night-club où il y avait environ 80 personnes qu’elle a infectées (pour les curieux de ce genre de détails, ce sont les caméras de surveillance de l’hôtel qui ont permis d’identifier la fille et le gardien et le taxi qui l’a conduite au night-club). Les visiteurs du night-club venaient de différents coins du pays où ils sont rentrés après leur nuit à Phnom Penh infectant à leur tour leurs proches et relations diverses. Résultat, nous en étions, hier vendredi, à 5.480 cas et 38 morts. Du coup, depuis le 1 mars, tous ceux qui arrivent au Cambodge sont automatiquement testés et mis en quarantaine pendant 14 jours avec un nouveau test le 13e jour. Comme c’est le nouvel an cambodgien depuis le 14 avril, célébré pendant une semaine et que c’est l’occasion d’importants déplacements, le gouvernement a pris des mesures drastiques et imposé un confinement total de deux semaines dans la capitale et dans une province voisine avec interdiction de tout déplacement hors de l’arrondissement dans le reste du pays.Le gouvernement tente désespérément de reprendre le contrôle d’une situation qu’il avait si parfaitement maîtrisée pendant un an et retrouver un état sanitaire tel qu’on le connaissait avant le 20 février, mais cela s’avère extrêmement difficile. Et dangereux, car le pays n’est pas assez équipé en personnel de santé et en équipements hospitaliers alors qu’il y a à peine 42 ans, il avait été ramené à l’âge de pierre et qu’il a subi, ensuite, 12 ans d’embargo, notamment imposé par les Occidentaux, dont la France de Giscard et Mitterrand. Ce qui aura peut être échappé au lecteur qui considérera que les chiffres du Cambodge sont dérisoires. Le pays compte 15,55 millions d’habitants. Les autorités cambodgiennes ont planifié la vaccination, d’ici à fin août, de 10 millions de Cambodgiens, ce qui réclame 20 millions de vaccins. Le Cambodge a reçu 1.800.000 vaccins de la Chine et en a acheté 1.500.000 à ce pays (Sinopharm et Sinovac). L’OMS a fourni 324.000 doses sur les 7 millions promises. L’Australie a annoncé un don permettant d’acheter 3 millions de doses d’un vaccin reconnu par l’OMS et le Vietnam a également annoncé un don pour lutter contre la pandémie. A ce jour, des engagements ont été pris permettant de disposer progressivement de 11 millions de doses. Une collecte a été faite auprès des plus riches citoyens qui a réuni plus de 50 millions de dollars pour acheter davantage de vaccins. Tous les citoyens du Cambodge sont vaccinés gratuitement. Et le gouvernement vaccine aussi – et gratuitement – tous les étrangers qui vivent au Cambodge (y compris ceux qui travaillent dans les ambassades et dans les ONG). Tous les fonctionnaires cambodgiens et leur conjoint, sont obligés de se faire vacciner. Plus d’un million de personnes ont déjà été vaccinées à ce jour 1.2million). La course contre la montre continue. Mais l’irresponsabilité d’une riche touriste étrangère a dramatiquement aggravé la situation. En espérant avoir fourni une information dont la presse française est très avare dès lors qu’il s’agit de dire du bien de ce pays qui est aussi le mien et qui supporte remarquablement bien la comparaison avec la France quand il s’agit de la clairvoyance de ses dirigeants.

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