Un atlas pour recenser et découvrir la biodiversité près de chez soi

  • 11/04/2023 par Alban Leduc

pour recenser le vivant à l’échelle locale et sensibiliser les populations, de nombreuses communes se dotent d’atlas de la biodiversité réalisés avec l’aide de leurs habitant·es.

Plantes, oiseaux, rongeurs… Connaissez-vous vraiment ces voisins qui s’égaillent au printemps ? Portés depuis 2010 par l’Office français de la biodiversité (OFB), les Atlas de la biodiversité répertorient toutes les espèces vivantes à l’échelle d’une ville ou d’une intercommunalité. Il en existe déjà plus de 800 à travers le territoire et ils se multiplient. «C’est souvent le premier pas des collectivités locales pour s’impliquer dans la protection concrète de la biodiversité», éclaire Thibault Faraüs, en charge du projet au sein de l’OFB.

Carte des Atlas de la biodiversité communale portés par l’Office Français de la Biodiversité © OFB

L’appui essentiel du public

La démarche dure trois ans. Elle débute par un recueil des connaissances existantes. S’ensuit un nouveau recensement complet des espèces à l’échelle de la commune. Enfin, un rapport est établi, avec des préconisations de sauvegarde. Si un Atlas est en cours d’élaboration, il y a de fortes chances que vous puissiez y participer. Des «avis de recherche sur les Salamandres» émis par la ville de Plougasnou dans le Finistère, aux sorties publiques sur les pas des reptiles, organisées en Loire-Atlantique, les collectivités sollicitent leurs habitant·es. «La mobilisation citoyenne est un pilier clé de tous les projets», appuie Thibault Faraüs de l’OFB. L’organisme public finance la démarche à hauteur de 80% pour les communes. N’hésitez donc pas à encourager votre mairie à se lancer dans l’aventure !

Outre la sensibilisation, ces cartographies permettent d’intégrer les préoccupations sur la biodiversité dans les projets d’aménagements. «En étant informé à temps des paramètres biodiversité sur notre territoire, on ne se lancera pas dans des projets qui n’auraient pas pu être validés au final», concède par exemple Paul Vernay, maire du village de Pérouges dans l’Ain. Au-delà des enjeux locaux, les données de ces panoramas sont utiles aux recherches scientifiques, permettant de compléter l’inventaire national du patrimoine naturel animé par le Muséum national d’histoire naturel. On protège toujours mieux ce que l’on connaît.

Pour savoir si votre commune a sauté le pas, consultez la carte en ligne de ces ABC – les Atlas de la biodiversité communale.

À LIRE AUSSI

Cet article est extrait de la quotidienne de vert.

Le projet de loi de programmation militaire (2024-2030) : un pas de plus vers une « économie de guerre » parasite et dangereuse

6 Avril 2023

Un train peut en cacher un autre : au moment où la loi sur les retraites requiert l’attention du mouvement social, et qu’un énième projet sur l’immigration mobilise les organisations de défense des droits des migrant-es, le gouvernement prévoit de faire voter une nouvelle loi de programmation militaire. Du fait de cette « stratégie du choc », ce projet risque de passer inaperçu.

Le déficit de contrôle démocratique est accru, puisque l’actuelle loi se poursuit jusqu’en 2025. Sans bilan de ce qui est en cours, dans un contexte géostratégique de plus en plus tendu, l’objectif déclaré est de s’adapter aux risques de conflit inter-étatique majeur (de « haute intensité »). Ajoutée aux retraits des corps expéditionnaires du Mali et du Burkina-Faso, retraits imposés par les peuples et leurs gouvernements, et à la dénonciation des accords de coopération militaire datant de 1961, cette situation devrait amener un vrai débat dans le pays.

Le président Macron, chef des armées, demande une augmentation qui aboutit, en faisant la somme des deux lois (2018-2025 & 2024-2030), au doublement de leur budget et à l’instauration d’une « économie de guerre ». La hausse budgétaire en Allemagne est inférieure (approximativement de 100 milliards d’euros) [1] ; il est vrai qu’à la différence de la France, ce pays voisin n’a plus d’empire à gérer [2]…

Cette option vient opposer un refus au Secrétaire général de l’ONU au moment où António Guterres énonce une priorité, le droit à la paix, « Une paix dans le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international ». « L’invasion de l’Ukraine par la Russie inflige des souffrances indicibles au peuple ukrainien et a de profondes répercussions mondiales » [3]. 

Attention, cela dit, aux « deux poids et deux mesures » : la cristallisation du monde occidental sur cette guerre n’est pas suivie par le reste du monde qui s’interroge sur le rôle de l’OTAN depuis la fin de la guerre froide, et qui conserve le souvenir de la destruction de pays, tels l’Irak et la Libye, dans l’indifférence générale. 

Nous devons exiger de nos gouvernants qu’ils prennent les moyens de refuser les politiques de puissance de tous les côtés et de construire « un Nouvel Agenda pour la paix ».

Et quel bilan tirer des opérations extérieures au Sahel, si ce n’est celui de leur échec à réduire le terrorisme islamiste ? Cet échec légitime le soupçon d’une stratégie d’occupation pour d’autres motifs, notamment de type économique. Outre le développement de la  misère sociale, la politique extractiviste et prédatrice, au Niger par exemple, met en danger les écosystèmes. La responsable altermondialiste, Aminata Traoré, plaide depuis 2013 pour des négociations avec les factions rebelles [4].

Ces annonces budgétaires, plutôt qu’à un lobby militaro-industriel pléthorique (Thalès, Safran, Naval Groupe, Dassault, Airbus…), seraient utiles pour les chômeurs dont les droits ont été réduits drastiquement dans la dernière période, pour une Éducation nationale, une Université et un secteur de la Santé de plus en plus en déshérence, pour le régime des retraites…

La loi sur les retraites prévoit que le statut spécial des militaires comme des policiers soit maintenu (partir plus tôt, à 57 ans voire 52 pour les policiers), alors que d’autres régimes sont remis en cause et qu’un important effort supplémentaire est demandé aux salarié-es [5]. Au nom de l’équité, la légitimité ou non de ce traitement spécifique des secteurs régaliens, spécialistes du maintien de l’ordre et de la Défense, est à mettre dans le débat public.

Une « économie de guerre », n’est-ce pas une économie parasite, au service de la stratégie unilatérale de l’OTAN et de l’Union européenne, c’est -à-dire d’une vision du monde étroitement occidentaliste ? Dans une période marquée par le regain des nationalismes souvent au mépris des systèmes démocratiques, ce serait un choix périlleux. Et comment légitimer ce choix de défense nationale, alors que les gouvernements successifs, depuis le mandat Hollande-Le Drian, démultiplient les ventes d’armes, en particulier à des dictatures du Moyen Orient responsables de la répression de « printemps démocratiques arabes » ou de guerres meurtrières (Egypte, Arabie saoudite…) ? Ce choix de production est-il compatible, par ailleurs, avec le principe d’un développement durable qui impose de limiter l’accumulation de biens inessentiels ?

Pour peser sur le débat public, actuellement dépendant d’un discours sécuritaire qui tend à devenir hégémonique, il importe que le mouvement social s’empare de ce sujet. 

  • Pour le rejet de ce projet de loi de programmation militaire en l’état (dans son objectif budgétaire notamment).
  • Pour la démocratisation du débat public sur les questions de défense et de ventes d’armes, et une meilleure implication du Parlement.
  • Pour le respect des prérogatives des Etats africains et l’arrêt des opérations extérieures au Sahel.
  • Pour le soutien à la résistance des peuples contre tous les impérialismes, y compris russe, israélien, chinois…
  • Pour un débat sur le maintien ou pas de la France dans l’OTAN. 
  • Pour un débat sur la Défense européenne et le renforcement de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe.
  • Pour la promotion d’une vraie diplomatie internationale, notamment dans le cadre de l’ONU, qui favorise l’accès à une mondialisation multilatérale et pacifiée [6].
  • Pour un renforcement des moyens donnés à la résolution non violente des conflits et à la défense civile non violente.
  • Pour l’obtention d’informations sur l’empreinte carbone des dépenses militaires.
  • Pour la reconversion de certaines industries d’armement et de leurs personnels.
  • Pour que la France soit observatrice lors des conférences des Etats signataires du Traité International d’Interdiction des Armes Nucléaires, comme marque d’engagement en faveur d’un désarmement nucléaire universel.

Signataires :
Nils ANDERSSON ancien éditeur- 
Franc BARDOU écrivain occitaniste- 
Philippe BAZIN universitaire en arts plastiques, photographe- 
Nadège BOISRAMÉ, conseillère municipale à Nantes, GDS (Gauche démocratique et sociale) – 
Martine BOUDET didacticienne, membre du Conseil scientifique d’Attac France- 
Anne CAUWEL membre du CEDETIM, spécialiste de l’Amérique latine – 
Marc CHATELLIER enseignant-chercheur (Université de Nantes), syndicaliste –
Gérard COLLET Enseignant retraité, militant associatif- 
Nelly COSTECALDE, membre d’Abolition des armes nucléaires-Maison de vigilance, du Mouvement pour une alternative non-violente et de la commission paix et désarmement d’EELV- 
Patrice COULON membre du MAN (Mouvement pour une Alternative Non-violente), d’Abolition des Armes Nucléaires, d’Attac et d’Eelv- 
Pierre COURS-SALIES sociologue et membre de Ensemble!-  
Fatima CUNY co-responsable de la commission Paix et Désarmement (EELV)- 
Christian DELARUE altermondialiste (ATTAC et CADTM) et antiraciste (MRAP)- 
Monique DEMARE membre de la commission Démocratie Attac- 
Françoise DUTHU ancienne députée au Parlement Européen du groupe Verts/ALE, membre de la commission Paix et désarmement –
Thierry DUVERNOY, membre d’Abolition des armes nucléaires – Maison de Vigilance- 
Didier EPSZTAJN, animateur du blog « Entre les lignes entre les mots » – 
Yann FIEVET socio-économiste- 
Patrick FODELLA membre Commission Union Européenne ATTAC- 
Sylviane FRANZETTI citoyenne occitaniste- 
Suzanne GLANER membre de l’Union pacifiste et sympathisante de AAN et du Mouvement de la paix- 
Denis GUENNEAU membre de la commission Paix et Désarmement d’EELV- 
Patrick HUBERT, co-président  du MAN 71- 
Frédéric LEBARON sociologue, association Savoir/Agir- 
Laurent LINTANF, membre du bureau de la commission Paix et désarmement d’EELV, militant antinucléaire – 
Michèle LECLERCOLIVE chercheure CNRS-EHESS, présidente de CORENS (Collectif Régional pour la Coopération Nord-Sud – Hauts de France) et de CIBELE (Collectif Régional pour la Coopération Nord-Sud – Ile de France)- ‌‌
Philippe LE CLERRE, responsable du groupe local Vent de Nord-Ouest (Les Verts 77) – 
Gérard LEVY co-responsable de la commission nationale paix et désarmement EÉLV ; conseiller municipal aux Clayes 78- 
Olivier LONG artiste plasticien, universitaire Paris 1 Panthéon-Sorbonne- 
Gustave MASSIAH, économiste altermondialiste, CEDETIM- 
Françoise MAUVAIS membre d’ Attac Paris Centre- 
Christophe MILESCHI professeur des universités, Nanterre- 
Luigi MOSCA, physicien, membre de l’association ‘Abolition des Armes Nucléaires – Maison de Vigilance’, partner d’ICAN- 
Aviva PAVLOVSKY Aide-soignante et  membre du collectif Abolition des Armes militaires MDV –
Serge PERRIN animateur du réseau international du Mouvement pour une Alternative Non-violente –
Jean-Luc PICARDBACHELLERIE membre de la commission Démocratie Attac France- 
Yves QUINTAL responsable altermondialiste, Ensemble ! (Lot) –
Alain REFALO enseignant, membre du MAN (Mouvement pour une Alternative Non-violente)- 
Serigne SARR responsable altermondialiste (Sénégal)- 
Serge SENINSKY, commission Migrations Attac France- 
Robert SIMON, membre de la commission Paix et désarmement d’EELV, membre du Mouvement pour une Alternative Non Violente, membre d’ATTAC- 
Gérard TAUTIL responsable et auteur occitaniste- 
Sabine TAUTIL enseignante- Marie Claude THIBAUD membre du CA d’Abolition des Armes Nucléaires-Maison de Vigilance –
Aminata TRAORE ancienne ministre de la Culture du Mali, présidente du FORAM/Forum pour un autre Mali
Christiane VOLLAIRE philosophe (laboratoire CRTD du CNAM et Institut Convergences Migrations au Collège de France)……  
Avec le soutien du réseau CADTM Afrique et du MAN 71
(Mouvement pour une alternative non-violente de Saône-et-Loire)

[1] https://www.lemonde.fr/international/article/2023/01/20/emmanuel-macron-annonce-une-enveloppe-de-413-milliards-d-euros-pour-le-financement-des-armees-dans-les-sept-annees-a-venir_6158657_3210.html
La rencontre de l’OTAN de Madrid de juin 2022 est à l’origine de cette politique, qui est planifiée à l’échelle européenne 
https://www.nato.int/cps/fr/natohq/news_197574.htm[2] Claude Serfati, L’État radicalisé- La France à l’ère de la mondialisation armée (La Fabrique, 2022)
https://lafabrique.fr/letat-radicalise/
Nils Andersson, Le Capitalisme c’est la guerre, Terrasses éditions, 202&
https://www.cairn.info/revue-la-pensee-2021-3-page-154.htm
Selon les députés ultramarins, « Le président de la République et son gouvernement préparent activement une nouvelle loi de programmation militaire (…) destinée notamment à renforcer les forces dites « de souveraineté » en outre-mer afin de sécuriser les 10,2 millions de km2 composant la Zone économique exclusive de la France. Mais ils détournent sciemment le regard lorsqu’il s’agit d’assurer des conditions de vie (et de retraite) décentes aux populations des territoires qui lui assurent son rang de deuxième puissance maritime mondiale. »
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/02/04/les-deputes-ultramarins-condamnent-les-propos-du-ministre-de-linterieur-et-des-outre-mer/
[3] https://news.un.org/fr/story/2023/02/1132042 [4] « Ils veulent nous conduire à la guerre » Interview d’Aminata Traoré (29 Déc 2022)
https://www.investigaction.net/fr/133379/ 
[5] https://www.lopinion.fr/economie/reforme-des-retraites-les-principales-annonces-elisabeth-borne
[6] Mouvement de la paix, « Loi de programmation militaire (2024-2030) – A nous d’imposer la primauté du droit sur la force pour créer le droit des peuples à vivre en paix ! » (26 janvier 2023)
https://www.mvtpaix.org/wordpress/loi-de-programmation-militaire-2024-2030/

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/040423/le-projet-de-loi-de-programmation-militaire-2024-2030-un-pas-de-plus-vers-une-economie

https://nonviolence.fr/Tribune-le-projet-de-loi-de-programmation-militaire-vers-une-economie-de-guerre
https://blogs.attac.org/groupe-societe-cultures/articles-societe-politique/article/fabrication-acceleree-de-canons-caesar-et-d-obus
https://jacquesfath.international/2023/04/06/le-projet-de-loi-de-programmation-militaire-vers-une-economie-de-guerre-parasite-et-dangereuse/

FSU : « le gouvernement porte un projet éducatif extrêmement dangereux »

« Cette rentrée est marquée par un débat éducatif important » a déclaré Benoit Teste en introduction de la conférence de presse de la FSU. « L’éducation est au centre des enjeux mais pas forcément pour de bonnes raisons ». Pour le secrétaire général, l’École est instrumentalisée à des fins politiques, « comme en témoigne l’interview donnée par Emmanuel Macron ». « On est face à des discussions de comptoirs » dénonce-t-il. « Mais ce n’est pas nouveau. Nous, on porte les choses avec des arguments. Comme pour la réforme du bac. Il a fallu sacrifier des générations avant que le gouvernement ne fasse marche arrière – à minima avec le recul des épreuves de spécialités. Comme les discours sur les fondamentaux, instrumentalisés et brandis comme l’alpha et l’Omega de la réussite des élèves alors que lorsque l’on regarde en détail, ce n’est pas si simple ».

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Pour la FSU, le gouvernement porte un projet éducatif « extrêmement dangereux ». « C’est la poursuite d’un projet politique d’une École du tri social. Comme, pour ne citer qu’elle, la réforme du lycée professionnel qui écartera un tiers de la jeunesse de la portée émancipatrice de l’école et e la formation ».

Nous ne lâcherons rien

Sur la mobilisation des personnels, Benoit Test est confiant. Malgré l’épisode de la réforme des retraites qui avait beaucoup mobilisé sans résultat, « l’ambiance est assez combative, notamment sur les questions du pacte, du manque de personnel. On aurait pu penser que le passage en force de la réforme des retraites auraient découragé les collègues mais c’est l’inverse qui s’est produitNous sentons que le potentiel de mobilisation est important. Il y a une volonté d’actions et de mobilisations sur le terrain». « On voit même un renouvellement de la confiance dans la force collective avec notamment des adhésions supplémentaires cet été » ajoute-t-il. Et il prévient. « La question des salaires est prédominante en cette rentrée. Il en va aussi de l’attractivité des métiers. Nous ne lâcherons ni Attal ni Guerini ».

Laissez-nous travailler

Pour le premier degré, Guislaine David, porte-parole de la FSU-SNUipp, revient sur le martelage autour des fondamentaux. « On fait lire nos élèves tous jours, c’est dans les programmes depuis longtemps. C’est même 10 heures par semaine. Donc, oui on apprend à lire au CP, il n’y a rien de nouveau. On écrit, on lit, on fait des activités mathématiques et on le fait tous les jours ». « Laissez-nous travailler » s’agace-t-elle en rappelant que la France est le pays d’Europe où l’on consacre le plus de temps aux fondamentaux au détriment de « ce qui permet de travailler une culture commune pour toutes et tous. Et cela met en difficulté les élèves les plus éloignés de l’école ».

« Alors, oui c’est important de travailler les fondamentaux, mais qu’est-ce qu’on met derrière ? L’orthographe se fait par d’autres biais que la dictée quotidienne. On sait faire, alors laissez-nous faire ».

L’ère des Uber profs ?

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU revient sur les postes non pourvus malgré les promesses de la rue de Grenelle. « Une enquête est en cours, puisque le ministère ne dit rien. On espère pouvoir vous communiquer des chiffres dès la semaine prochaine ».

Autre sujet d’actualité, le Pacte. « Là encore, pas de communication sur le nombre d’enseignants et enseignantes qui signent de la part du gouvernement » déclare la responsable syndicale. « On sent chez eux une sorte de fébrilité. Ils sont en difficulté, ils le reconnaissent à demi-mot ». Mais le syndicat a déjà sa petite idée sur ce nombre. « On a lancé une enquête auprès des collègues dès juin dernier. Les premiers retours confirment que, dans les collèges et lycées, une majorité des profs refusent le pacte. On le voit d’ailleurs dès aujourd’hui puisque dans de nombreux établissements les besoins qui devaient être couverts par le pacte ne le sont pas – rdc, devoir faits… ».

Sophie Vénétitay évoque aussi un guide RDC destiné aux chefs d’établissement. « C’est très instructif de la vision qu’a notre ministre du métier enseignant, une sorte de Uber Prof. On lit même en filigrane que ce serait bien que les profs préparent des séances d’apprentissage qui pourraient être dispensées par les AED en cas d’absence ».

Les épreuves du bac maintenus en mars en lycée professionnel

Pour le SNUEP-FSU, la réforme du lycée professionnel est passée en force. « Il y a eu une seule multilatérale avec les organisations syndicales alors que cette réforme est structurelle et managerielle » dénonce Sigrid Gérardin. « Elle est aussi mensongère car elle ne peut se déployer qu’à coups de pacte. Mais nous sommes en ordre de bataille, on conteste, et on continuera de contester le saccage du lycée professionnel. Cette réforme, c’est calibrer les jeunes sur des métiers en tension, précaires et mal payés ».

« Et on vient de l’apprendre, les épreuves du bac auront bien lieu mars. Alors qu’ils ont reculé pour la voie générale et technologique en reconnaissant les méfaits de cette réforme, ils l’appliquent en lycée professionnel. Mais quel mépris ! » s’indigne la co-secrétaire générale du SNUEP-FSU.

Les points de divergence ne manquent pas entre la FSU – et d’autres organisations syndicale – et le gouvernement. L’année sera sans doute encore chargée au niveau social. Une journée de mobilisation est d’ores et déjà prévue le 13 octobre contre l’austérité et pour l’égalité homme-femme.

Lilia Ben Hamouda

CNR : Comment l’exécutif tente de rendre attractive « l’École du futur »

Ce jeudi 7 septembre 2023, Emmanuel Macron réunit la troisième session plénière du Conseil national de la refondation (CNR) en présence d’Élisabeth Borne et de membres du Gouvernement. Pas vraiment une réussite, tant au niveau national que territorial, le CNR peine à convaincre, tout particulièrement les équipes éducatives dans les écoles, collèges et lycées. Sur les 500 000 millions consacrés, seulement 48 millions ont été débloqués. Un échec établit par la Cour des Comptes dans un rapport publié en juillet dernier.

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Selon l’Élysée, « 19 000 écoles et établissements scolaires sont engagés dans la démarche, avec 8 700 projets déposés ». Pourtant, dans un rapport sénatorial paru en juillet, les élus dressent un bilan tout autre. « Au 13 juin, 1 900 projets ont été validés sur les 5 954 projets déposés » écrivaient les rapporteurs. Quel que soit le nombre réel de projets labélisés CNR, bon nombre d’entre eux sont antérieurs à 2022 de l’aveu même du ministre de l’Éducation nationale. L’effet CNR n’est donc pas vraiment significatif.

Une généralisation sous pression ?

Pour autant, le Président devrait annoncer vouloir « accélérer, amplifier, aller encore plus loin » explique-t-on dans son entourage sans évoquer clairement une généralisation. « Cette démarche, telle qu’elle a été initiée sur la base du volontariat, demeurera. L’idée, et d’ailleurs le ministre l’a déjà évoqué, c’est que, précisément, on puisse prioriser les fonds, comme, par exemple, l’annonce qui a été faite hier, par rapport au fonds de rénovation des bâtis scolaires, à des projets ou à des établissements qui auront un projet CNR ». Autrement dit, pour bénéficier du fonds de rénovation énergétique, il faut avoir un projet CNR en cours. Comment forcer la main aux équipes…

Une brique contre un CNR

« Construire un projet ça prend beaucoup de temps parce qu’il faut d’abord faire un diagnostic sur ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas dans l’école… Cela veut dire que les profs passent des heures à travailler entre eux, à travailler avec l’équipe de l’établissement, parce que le diagnostic doit être construit avec toute la communauté éducative autant que possible avec les parents d’élèves, avec les élèves eux- mêmes, avec les élus, avec les associations » explique-t-on à l’Élysée où on a l’air de découvrir l’intérêt du travail collectif. C’est l’occasion pour l’exécutif de caser une brique du Pacte qui tarde tant à créer des émules chez les enseignants et enseignantes. « Après tout, c’est du travail, c’est des heures en plus. Et en fait ce que les enseignants demandent le plus, en tout cas dans les centaines de projets avec lesquels on a échangé ou qu’on a visités, c’est du temps, plus que de l’argent, du temps de collaboration, du temps de formation, du temps de préparation. Et ce temps, il peut aussi être obtenu ou gratifié par le pacte enseignant ».

Pour fonder leur diagnostic les équipes devront se fonder sur « toute la matière des évaluations et de l’auto-évaluation qui ont été déployées ces dernières années depuis Jean-Michel Blanquer ».

Une École moins jacobine

Pour l’équipe présidentielle, le CNR est l’occasion de revoir toute l’organisation de l’École qui deviendrait « moins jacobine ». « Les inspecteurs sont un peu moins inspectant et un peu plus accompagnant, un peu plus ingénieurs de projet, un peu plus fertiliseurs. Et donc, l’idée, c’est de transformer aussi la hiérarchie de l’Éducation nationale pour faire en sorte que tout ce management intermédiaire, ces inspecteurs de l’Éducation nationale, ces inspecteurs pédagogiques régionaux, ces conseillers pédagogiques de circonscription, ces chefs d’établissement soient vraiment des accompagnateurs des gens qui qui font grandir et fertilisent ces projets ».

Lilia Ben Hamouda