RECETTE – Le cassoulet St Félicien

Le cassoulet
Le cassoulet

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/on-va-deguster/on-va-deguster-du-dimanche-26-novembre-2023-4360764?fbclid=IwAR3dsKdoOB8VymobrefomkoNVREgKFSF0EPj5OpLjauqyACf7ARbyZWiMHk

Une recette de Céline Taffarello, cheffe de l’auberge du Pois Public à Saint Félix Lauragais

pour 10 personnes

  • 1 kg de haricots lingots
  • 1 talon de jambon
  • 2 kg de couennes
  • 1 kg d’échine coupé en morceaux
  • 1 kg de coustellous coupés
  • 1 kg de saucisse de Toulouse
  • 5 cuisses de canard confit, dans la graisse
  • 1 oignon
  • 10 grains d’ail épluchés
  • 1 carotte
  • 1 bouquet garni
  • Poivre et sel

A faire la veille :

Tremper les haricots à l’eau froide durant la nuit.

Réaliser un bouillon la veille avec un os de jambon, des carottes, oignons brûlés, branche de cèleri, ail, thym, laurier et os de cochon coloré au four.

Le lendemain :

Blanchir les haricots en démarrant avec de l’eau froide, écumer, jeter l’eau et rincer les haricots.

Cuire les couennes dans de l’eau, stopper la cuisson lorsque les couennes sont fondantes.

Cuire les haricots dans le bouillon.

Pendant ce temps, rissoler dans une cocotte en fonte avec la graisse de canard, l’échine et les coustellous. Retirer l’excédent de graisse, bien garder les sucs de viandes, recouvrir d’eau et cuire 30 minutes comme un ragoût au four à 160°C durant 30 minutes.

Rissoler la saucisse entière dans une poêle pendant 10 minutes, la retirer du feu et déglacer avec de l’eau pour récupérer les sucs.

Mixer une moitié des couennes avec l’ail cru pour obtenir un hachis, comme une pommade, ajouter le bouillon de cuisson des haricots. Ajouter les sucs des viandes dans cette préparation. Assaisonner avec du sel et poivre moulu.

Retirer les haricots du fait-tout. Il faut qu’ils s’écrasent sous les doigts sans être en purée.

Garnir les cassoles à cassoulet en terre de la poterie NOT, d’une couche de haricots, répartir les morceaux de viande (couenne, coustellous, échine, saucisse coupée et les confit de canard coupé en 2) recouvrir de haricots.

Arroser avec le liquide (couennes + ail) à hauteur et cuire au four à 160° pendant 1 h. Au bout d’une heure arroser de nouveau et cuire de nouveau 1 h. La croûte va se former.

Alzheimer : la piste du fer

Par Marie-Céline Ray – Journaliste scientifique Publié le 29/08/2013 Mis à jour le 28/09/2023

Chez les malades d’Alzheimer, le fer qui s’accumule dans le cerveau pourrait jouer un rôle dans le développement de la maladie.

Un excès de fer pourrait-il favoriser la maladie d’Alzheimer, en raison des dommages qu’il provoque sur le cerveau ? C’est ce que suggèrent plusieurs travaux de recherche récents.

La maladie d’Alzheimer est une maladie neuro-dégénérative qui se caractérise par le développement de plaques amyloïdes dans le cerveau. Le vieillissement de la population ne serait pas le seul facteur expliquant son épidémie ; des facteurs environnementaux sont aussi envisagés. Au niveau moléculaire, deux protéines interviennent dans la genèse de la maladie : la protéine Tau et la protéine bêta-amyloïde.

Lire : Maladies neurologiques : plus fréquentes et plus précoces

Des recherches récentes se sont penchées sur le rôle de la toxicité du fer dans le cerveau des malades, aussi bien dans la substance grise (au niveau de l’hippocampe) que dans la substance blanche (dans la microglie).

Le fer s’accumule dans l’hippocampe des malades

Dans cette étude parue dans Journal of Alzheimer’s disease, les chercheurs de l’université de Los Angelès se sont intéressés aux dommages que pourrait créer, en amont, le fer présent dans le cerveau. Avec l’âge, le fer s’accumule dans la substance grise. Certes ce minéral est indispensable à certaines fonctions cellulaires, mais son excès peut causer du stress oxydatif. C’est notamment le cas du fer d’origine animale, que l’on trouve par exemple dans les viandes rouges.

Lire : Le fer végétal serait préférable au fer animal

L’étude a inclus 31 patients souffrant de la maladie d’Alzheimer et 68 témoins en bonne santé (1). Grâce à l’imagerie cérébrale, les chercheurs ont montré que le fer s’accumule dans une région particulière du cerveau des malades : l’hippocampe. Cette accumulation de fer est associée à des dommages aux tissus. Or l’hippocampe joue un rôle dans la mémorisation. Il est affecté dès les stades précoces d’Alzheimer.

Chez les témoins, il n’y avait pas d’augmentation de la concentration de fer dans l’hippocampe. Les chercheurs ont aussi observé une autre région du cerveau : le thalamus, qui n’est pas affecté par la maladie, sauf dans les stades tardifs. Il n’y avait pas d’accumulation de fer dans le thalamus des malades.

L’hypothèse avancée par les chercheurs est que le fer gêne la transmission des messages nerveux dans le cerveau. Ils soulignent que les cellules du cerveau qui possèdent les concentrations les plus élevées en fer sont les oligodendrocytes qui produisent la myéline. La destruction de la myéline, la gaine qui entoure les fibres nerveuses et accélère la transmission des messages, pourrait gêner la communication entre les neurones et favoriser la progression des plaques dans le cerveau.

Ces travaux ouvrent la voie à de nouveaux traitements qui pourraient libérer le fer accumulé dans les tissus. Plusieurs sociétés travaillent à la mise au point de chélateurs qui permettraient de séquestrer et d’éliminer ce fer en excès. Mais pour George Bartzokis, co-auteur de cette étude,  « l’accumulation de fer dans le cerveau peut être influencée par des facteurs environnementaux modifiables, comme la quantité de viande rouge que nous consommons, la prise de compléments alimentaires contenant du fer, ou les hystérectomies avant la ménopause. »

Un nouveau mécanisme identifié : la ferroptose des cellules de la microglie

Les cellules de la microglie, qui sont impliquées dans la réponse immunitaire du cerveau, permettent l’élimination de débris cellulaires. Ce sont elles qui évacuent la myéline où le fer s’est accumulé. Une nouvelle étude de l’université de l’Oregon parue dans la revue Annals of Neurology a montré que cette tâche pourrait leur être fatale à cause du fer présent.

Ici, les chercheurs ont examiné les tissus cérébraux post-mortem de patients atteints de démence (2). Ils ont observé que la microglie dégénère dans la substance blanche du cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer et de démence vasculaire. Les cellules microgliales sont détruites lorsqu’elles éliminent de la myéline riche en fer – une forme de mort cellulaire connue sous le nom de ferroptose. La dégénérescence de la microglie semble favoriser le déclin cognitif.

Cette étude met en évidence pour la première fois une nouvelle voie de mort cellulaire dans la maladie d’Alzheimer et la démence vasculaire : les cellules de la microglie meurent à cause de la toxicité du fer.

Personne ne savait que les cellules microgliales mouraient en si grand nombre

Pour le neuroscientifique Stephen Back, c’est une découverte majeure, car jusqu’alors la microglie a été peu étudiée dans le contexte de la maladie d’Alzheimer : « Nous n’avions pas accordé beaucoup d’attention aux cellules microgliales en tant que cellules vulnérables, et les lésions de la substance blanche dans le cerveau ont reçu relativement peu d’attention. » Pourtant les scientifiques savent de longue date que les cellules microgliales sont impliquées dans l’inflammation du cerveau, mais « personne ne savait qu’elles mouraient en si grand nombre. C’est tout simplement incroyable que nous ayons manqué cela jusqu’à présent. »

Comment protéger son cerveau de la toxicité du fer

LaNutrition.fr a fait des recommandations générales pour la consommation de viande, qui s’adressent aux personnes en bonne santé (pas d’hémochromatose, pas d’anémie ferriprive, pas de déficit en fer…).

Viandes : les recommandations de LaNutrition.fr

D’autres recommandations ont été faites qui visent à prévenir Alzheimer en évitant notamment les compléments multivitaminés contenant du fer lorsqu’il n’y a pas de déficit.

Pour tout savoir sur le protocole ReCODE, lire : La fin d’Alzheimer et La fin d’Alzheimer – Le programme

Références

  1. Raven EP, Lu PH, Tishler TA, Heydari P, Bartzokis G. Increased Iron Levels and Decreased Tissue Integrity in Hippocampus of Alzheimer’s Disease Detected in vivo with Magnetic Resonance Imaging. J Alzheimers Dis. 2013 37:127-36.
  2. Adeniyi et al. Ferroptosis of Microglia in Aging Human White Matter Injury. Annals of Neurology. 2023.

Quand la bureaucratie fait vivre un calvaire administratif aux agriculteurs bourguignons

Jonathan Frickert

En Bourgogne-Franche-Comté, les agriculteurs se noient dans un océan de bureaucratie, victimes d’un système de subventions défaillant. Une crise qui met en lumière les failles d’une politique agricole européenne suradministrée.

Source : image générée par IA.

Six cents, soit presque deux par jour : c’est le nombre d’agriculteurs qui se suicident chaque année en France. Ce nombre en augmentation illustre tristement une condition agricole faite d’isolement, un isolement qui n’a d’égal que la dépendance des exploitants aux subventions publiques en tous genres. À titre d’exemple, en 2019, ces aides représentaient en moyenne 74 % des revenus des agriculteurs, et jusqu’à 250 % pour les producteurs de viande bovine.

Isolés socialement mais fonctionnaires de fait, les agriculteurs ont tout récemment été une nouvelle fois frappés de plein fouet par des retards et des dysfonctionnements dans l’instruction des dossiers de subventions, mettant en péril un nombre important d’exploitations déjà soutenues à bout de bras par la machine publique.

Le FEADER, deuxième pilier de la PAC

Mis en place en 2007, le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) est le principal instrument de financement de la politique agricole commune (PAC) créée par le traité de Rome un demi-siècle plus tôt.

La PAC se fonde sur deux piliers : la structuration du marché agricole et, depuis 2007 donc, le développement rural.

Inscrit dans la logique de programmation propre aux politiques européennes, l’objectif du FEADER est explicitement de garantir l’avenir des zones rurales en s’appuyant sur les services publics et l’économie locale.

Sans surprise, le FEADER est impliqué dans la vaste politique de planification écologique européenne qu’est Europe 2020, avec en ligne de mire une agriculture « soutenable » et « durable ».

Initialement destiné à disparaître à la fin de ce plan, le FEADER a suivi la myriade de mesures publiques qui perdurent, avec notamment la relance européenne NextGenerationEU adoptée par le Conseil européen en 2020.

Une responsabilité transférée

Sauf qu’au 1er janvier 2023, la responsabilité de ce fonds a été confiée aux États. En France, ce dernier l’a transféré aux conseils régionaux volontaires qui ont rapidement accusé d’importants retards de paiement mettant gravement en péril de nombreuses exploitations agricoles.

La région Bourgogne-Franche-Comté n’y fait malheureusement pas exception, au point que la situation s’est particulièrement envenimée le 6 novembre dernier.

Ce jour-là, trois élus de la majorité socialiste au conseil régional ont été pris à partie par des exploitants de Saône-et-Loire :

« C’est une honte, un scandale, une catastrophe, vous êtes des nuls, des incompétents, votre administration est lamentablement défaillante, à la ramasse ».

Ces propos ont contraint le sénateur et président du groupe socialiste à l’assemblée régionale Jérôme Durain, présent ce jour-là, à reconnaître la responsabilité des élus dans une situation qui met les agriculteurs « dans la merde ».

Concrètement, les agriculteurs, soutenus dans leurs revendications par la Confédération paysanne, reprochaient à la collectivité la piètre qualité du traitement des dossiers de demande de dotation d’aide à l’investissement aux installations de jeunes agriculteurs.

Un temps de traitement rallongé

Au cœur de ces doléances, donc, le transfert aux régions du traitement de ces demandes. Ces transferts se sont pourtant accompagnés de compensations financières de la part de Paris sous la forme de 35 agents à temps plein issus de la Direction départementale des territoires (DDT). Mais la plupart ont toutefois refusé leur mutation à Besançon et Dijon, lieux concentrant le dispositif.

Pour y faire face, des recrutements ont été lancés, mais la moitié des effectifs n’a toujours pas été pourvue, s’ajoutant au changement d’outil informatique.

Le résultat ne s’est pas fait attendre : moins de 10 % des 3500 dossiers en retard de paiement ont pour l’heure pu être instruits.

De quoi nourrir un profond ressentiment dans le milieu agricole, au point que de nombreux agents sont victimes de harcèlement voire de menaces ayant entraîné des mains courantes.

Un fonds en hausse

Pourtant, le dispositif semblait lancé sur de bonnes bases, le FEADER ayant été augmenté de 28 % pour la programmation 2023-2027 selon Christian Decerle, président de la chambre régionale d’agriculture.

La situation a contraint le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, à réagir afin d’appeler les élus à résoudre rapidement les problèmes administratifs pour éviter des conséquences graves pour les agriculteurs.

Agriculture et bureaucratie

FEADER, PAC, DDT… autant d’acronymes à la fois très bureaucratiques et très français qui frappent de plein fouet l’activité qui devrait pourtant être la plus épargnée de ces questions : l’agriculture. Activité naturaliste par excellence, là où la bureaucratie est celle de la complexité humaine, l’agriculture symbolise à la fois la maîtrise de la nature et l’aboutissement de notre besoin le plus primaire en tant qu’espèce inscrite dans le vivant : la nourriture.

Pourtant, ce milieu est depuis longtemps l’objet de politiques planificatrices ayant pour objectif de protéger le marché intérieur au détriment d’un partenariat sain entre les nations à travers de véritables politiques de libre-échange.

De l’urgence de débureaucratiser

Dans les faits, la PAC, comme d’autres politiques planificatrices, transforme les agriculteurs en fonctionnaires chargés de mener leur exploitation comme des gestionnaires administratifs, tandis que le principal acteur touché par la réglementation n’est autre que le consommateur final qui en paie le coût.

Or, cette réglementation est la contrepartie des subventions accordées. Celles-ci peinent donc à arriver dans le portefeuille des exploitants en raison de cette même norme. Autant dire que pour les agriculteurs français, c’est le serpent qui se mord la queue, toujours avec pour principale cause la bureaucratie.

Par :

Jonathan Frickert

Sophismes économiques de Frédéric Bastiat en audiolivre

Benoit Malbranque

L’Institut Coppet propose la publication d’une version audiolivre des Sophismes économiques de Frédéric Bastiat

Frédéric Bastiat (image libre de droits)

Publié le 31 décembre 2018

Par Benoît Malbranque.

Par manque de temps, nombre d’entre nous ne peuvent pas lire autant qu’ils le voudraient. Heureusement, l’audiolivre permet aujourd’hui de rendre plaisants et productifs les moments passés dans les transports en commun ou, pire, coincé en voiture dans les embouteillages. Mais si vous pouviez déjà trouver à écouter du Bastiat en anglais, en espagnol, en portugais et même en polonais (!), aucun éditeur n’avait à ce jour produit une version audiolivre en français d’un seul livre libéral.

L’Institut Coppet comble aujourd’hui ce manque en commençant la publication d’une version audiolivre des Sophismes économiques de Frédéric Bastiat1.

Sophismes économiques, par Frédéric Bastiat, première série — Introduction 
(Fichier mp3 ; 7 min 08 s. ; 10,3 Mo)

Sophismes économiques, par Frédéric Bastiat, première série
01 – Abondance, disette

(Fichier mp3 ; 18 min 54 s. ; 27,3 Mo)

Sophismes économiques, par Frédéric Bastiat, première série
02 – Obstacle, cause

(Fichier mp3 ; 7 min 37 s. ; 8,7 Mo)

Sophismes économiques, par Frédéric Bastiat, première série
03 – Effort, résultat

(Fichier mp3 ; 17 min 22 s. ; 18,5 Mo)

L’enregistrement a été réalisé par Philippe Seigneur pour l’Institut Coppet. Un nouveau chapitre sera publié chaque vendredi.

Sur le web

  1. Afin de continuer à vous proposer des contenus gratuitement, comme cette édition audiolivre des Sophismes économiques de Frédéric Bastiat, l’Institut Coppet sollicite votre générosité. Voir les modalités en cliquant sur le lien en bas de page. 

Par : Benoit Malbranque

Le gouvernement néolibéral d’Emmanuel Macron remplace les aides sociales par un système de travail punitif

 Emmanuel MacronFranceRéforme sociale

Emmanuel Macron continue de s’attaquer à l’État-providence français. Après sa réforme rétrograde de l’âge de la retraite qui a suscité des manifestations de masse, il cherche maintenant à obliger les demandeurs d’emploi à effectuer un travail non rémunéré en échange de leurs maigres allocations.

Source : Jacobin, Marlon Ettinger
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le président français Emmanuel Macron s’adresse à la presse dans le sud de l’Espagne, le 6 octobre 2023. (Ludovic Marin / AFP via Getty Images)

En septembre dernier, le ministre français du Travail, Olivier Dussopt, a annoncé que des zones entières du pays avaient été sélectionnées pour participer à une expérience. Il s’agissait de tester une réforme du Revenu de solidarité active (RSA), une prestation qui apporte un soutien financier minimum aux personnes ayant de très faibles revenus. Actuellement, environ 1,6 million de ménages français bénéficient de cette aide sous certaines conditions. Mais avec l’expérimentation dans 19 des 101 départements français, le programme a soumis les bénéficiaires à un nouveau programme comprenant des obligations de passer au moins quinze heures par semaine à suivre un plan de réinsertion dans le monde du travail. « L’ensemble de ces départements, explique un communiqué de presse du gouvernement sur l’expérimentation, reflète une grande diversité géographique, démographique et sociale. »

Un an plus tard, le reste de la France pourra goûter aux fruits des expériences que le Dr Macron a menées sur ses heureux patients. Cette réforme a été formalisée dans la nouvelle loi sur l’emploi du gouvernement, qui a été débattue à l’Assemblée nationale la semaine dernière. Depuis l’annonce faite par la Première ministre Élisabeth Borne en avril dernier, il est officiel qu’un élément central de la réforme consistera à subordonner l’accès au RSA à des conditions de travail.

Cette réforme avait déjà été diffusée par le président Emmanuel Macron lors d’une annonce faite en mars 2022, pendant sa campagne de réélection. Les bénéficiaires de l’allocation ont, selon lui « l’obligation de consacrer quinze à vingt heures par semaine à une activité qui facilite leur réinsertion professionnelle, pour un meilleur équilibre entre droits et devoirs. »

Une partie de la réforme consiste à remanier les agences Pôle Emploi, où les Français sans emploi bénéficient d’une aide financière et logistique pendant qu’ils cherchent un emploi. Dans le cadre de ce remaniement, le service sera rebaptisé France Travail. Au lieu d’aider les chômeurs à trouver un emploi ou de leur donner de l’argent pendant qu’ils en cherchent un, il les mettra véritablement au travail, puisqu’ils devront désormais consacrer au moins quinze heures par semaine à une activité en échange du maintien de l’allocation, qui s’élève à un peu plus de 600 euros par mois pour une personne. Les récalcitrants s’exposeront à des amendes et des sanctions répétées, pouvant aller jusqu’à la perte pure et simple de leurs allocations.

Macron diabolise les pauvres

Macron a été élu en 2017 avec une dose de soutien du centre-gauche, les forces dirigeantes du Parti socialiste où il a commencé sa carrière politique. Mais il s’est aussi fortement appuyé sur les réseaux influents entourant l’ancien président Nicolas Sarkozy, un homme de droite réactionnaire. Au cours du premier quinquennat de Macron, ce bloc de centre-gauche a été presque entièrement aliéné. Maintenant que ses alliés détiennent qu’une partie – et non la majorité – des sièges à l’Assemblée nationale, le seul moyen pour Macron de gouverner est de s’allier à la droite, dans ses formes traditionnelles comme dans ses formes insurrectionnelles. Cela signifie qu’il doit répondre aux obsessions et aux agendas de ces forces.

Lors des débats à l’Assemblée nationale la semaine dernière, cette coopération a été pleinement mise en évidence. Le parti de droite traditionnel Les Républicains (LR) et le gouvernement ont voté ensemble pour colmater les brèches laissées dans le projet de loi, qui a été adopté par le Sénat en juillet.

« Nous considérons que l’amendement de Juvin [député LR des Hauts-de-France, où le PIB par habitant est le plus élevé du pays] va dans le bon sens, car il permet à la fois de fixer l’objectif de quinze heures d’activité hebdomadaire pour les bénéficiaires du RSA et de prévoir une montée en charge progressive » a déclaré Dusspot.

Le projet de loi formalise l’exigence d’une activité « d’au moins quinze heures » par semaine, concrétisée par un « contrat de travail » à établir entre l’agence locale du RSA et le demandeur d’emploi. Ce contrat devra prévoir un projet de retour à l’emploi du demandeur d’emploi, portant sur son parcours professionnel et son expérience, ainsi qu’un volet décrivant ce que serait pour lui une offre raisonnable d’emploi. Il définit également les sanctions en cas de non-respect du contrat, notamment la suspension de l’allocation jusqu’à ce que le demandeur d’emploi recommence à suivre le plan.

« Macron fait de la politique, en stigmatisant les plus pauvres et en leur faisant porter la responsabilité des maux de la société », déclarait Laurent Alexandre à Jacobin au moment de la mise en place de ce programme expérimental. Laurent Alexandre est le député de La France Insoumise pour l’Aveyron, un département situé à l’intérieur des terres méditerranéennes et au nord de Montpelier. Il explique qu’il est ridicule d’imaginer que l’obligation de travailler est une mesure nécessaire pour mettre au travail les chômeurs paresseux. « Le manque d’emploi est la situation dans l’immense majorité des cas. Il y a un emploi proposé pour quatorze chômeurs ! »

Alexandre a également souligné que l’imposition de conditions de travail pourrait faire baisser les salaires en général.

« Un aspect caché est que les heures de travail qui seront demandées aux bénéficiaires du RSA seront sous-payées, voire non payées, explique-t-il. Il y a un gros risque de pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail des salariés, qui seront exposés à la concurrence des bénéficiaires du RSA qui devront faire ces quinze-vingt heures d’activité. »

Dans le département où Alexandre a remporté l’élection face à un candidat du parti de Macron en 2022, le territoire choisi pour cette expérimentation est l’ouest-Aveyron. « [C’est] le territoire où il y a le plus de personnes précaires » commente Alexandre. C’est aussi le territoire qui l’a élu, rappelle-t-il, en tant que représentant de la gauche française.

La Seine Saint-Denis : une vitrine pour les plus pauvres de France

Dans le nord du pays, juste au-dessus de Paris, se trouve la Seine Saint-Denis, qui affiche le deuxième taux de pauvreté le plus élevé de France. C’est l’un des départements choisis pour expérimenter la réforme. Mais le département, qui est gouverné par une coalition de gauche dirigée par le Parti socialiste (PS), a rejeté la mesure.

Silvia Capanema-Schmidt, conseillère municipale de Seine Saint-Denis, a déclaré à Jacobin que cette décision avait été prise par le président du département en concertation avec la majorité de gauche. Mme Capanema-Schmidt fait partie d’un groupe composé de membres du Parti communiste (PC) français et de La France Insoumise (LFI). Tous les membres de la gauche, dit-elle, sont opposés à l’expérience.

Dans une lettre à Dussopt rapportée par linfoauquotidien.com, Stéphane Troussel, président socialiste du conseil départemental, a déclaré : « La doctrine portée par le gouvernement, en matière de conditionnalité des aides sociales […] me semble être une fracture grave dans notre République. »

« Mettre tout le monde au travail quoi qu’il en coûte ne peut être l’unique et seule priorité de nos politiques publiques, écrit également Troussel. Le RSA est un droit social fondamental. »

Le haut commissaire au Travail du gouvernement, Thibaut Guilluy, a rejeté la lettre de Troussel en la qualifiant de « politique ». Il a déclaré que l’objectif du gouvernement était d’harmoniser les régimes de sanctions entre Pôle Emploi et les départements. « Mais, a-t-il ajouté, le conseil départemental conserve le droit d’appliquer ou non la sanction. »

Capanema-Schmidt a déclaré à Jacobin que Troussel avait consulté certains membres du conseil de Seine Saint-Denis avant d’envoyer sa lettre au ministre du Travail. « Nous, élus Insoumis, sommes contre […] la mise en place de cette expérimentation dans le département depuis le début. » Depuis 2016, le RSA est entièrement financé par le département. La Seine Saint-Denis est le département qui compte le plus d’allocataires du RSA en France.

C’est pourquoi, à chaque fois qu’un nouveau programme social ou politique est mis en place, le gouvernement se tourne vers la Seine Saint-Denis. « Parce que la question sociale est très importante en Seine Saint-Denis, ils s’en servent comme d’une sorte de vitrine. »

« Nous refusons plusieurs choses, a déclaré Mme Capanema-Schmidt. Avant tout, le principe du volontariat obligatoire. » Le revenu minimum, explique-t-elle, est celui auquel chacun a droit pour survivre et exister dignement. De ce point de vue, La France Insoumise s’oppose au principe même du changement de politique.

Mme Capanema-Schmidt a également déclaré que le RSA devrait être centralisé par l’État : « Parce qu’il s’agit d’une prestation nationale et non d’une prestation locale. » En même temps, l’administration devrait être locale – en raison de la présence sur le terrain des bureaux locaux et de la capacité qu’ils ont à suivre de près les progrès des bénéficiaires.

De plus, le financement actuel du RSA est loin d’être suffisant, selon Capanema-Schmidt. Le montant de l’allocation est inférieur au seuil de pauvreté qui, selon elle, devrait être un strict minimum. Pour une personne seule, il faudrait un minimum de 900 euros par mois. (Actuellement, le montant moyen versé à une personne seule bénéficiant du RSA n’est que d’environ 600 euros par mois).

La réforme remet en question l’idée même de verser des prestations à des personnes qui ne travaillent pas. Le danger, selon elle, est de remettre en cause le principe même d’un revenu minimum garanti. Les bénéficiaires du RSA, dit-elle, ne sont pas ceux qui vivent grassement des dividendes de l’Etat, ce sont des pauvres aux moyens très modestes.

Alexandre fait écho à ce sentiment en affirmant que l’obligation de travail fait partie d’une campagne du gouvernement visant à cibler les plus pauvres de la société. « Ce ne sont pas les pauvres qui coûtent trop cher à la France, a déclaré Alexandre. Ce sont les riches qui se gavent sur le dos des autres et refusent de partager les richesses produites par le travail. »

Suivre l’exemple de Giorgia Meloni

Lors d’un voyage en Chine cette année, le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, s’est félicité d’un niveau de croissance plus élevé que prévu au deuxième trimestre. Au lieu de progresser au rythme prévu de 0,1 %, l’économie française a enregistré une croissance de 0,5 %, ce dont il pouvait se vanter. « Tous les experts ne croyaient pas que la croissance française pouvait être tirée par l’industrie et le commerce extérieur, a-t-il déclaré. Pourtant, c’est bien ce qui s’est passé. »

Les calculs budgétaires de Macron exigent une croissance d’au moins 1 % cette année, un chiffre qu’ils ont déjà revus à la baisse par rapport à 1,3 %. Sans cette croissance, le déficit augmentera, favorisant une spirale de coupes justifiées par des recettes fiscales plus faibles et une « austérité sans précédent » comme l’économiste Éric Berr, professeur associé à l’université de Bordeaux, l’a déclaré à Jacobin en avril.

La croissance plus élevée que prévu, note le journal Le Canard enchaîné, signifie qu’en théorie le gouvernement peut équilibrer son budget en faisant 4 à 5 milliards d’euros de coupes de moins que les 15 milliards d’euros qu’il a prévus.

Toutefois, la Première ministre Borne a déclaré à ses ministres de la Santé et des Comptes publics, lors d’une réunion fin juillet, que les coupes se feront « dans la sphère sociale en général, qui représente 50 % de nos dépenses » selon Le Canard. Parmi les pistes envisagées figurent l’augmentation du coût des médicaments et des transports en ambulance, ainsi que la réduction des charges patronales.

Le programme de Macron, qui consiste à rogner lentement sur le célèbre système de protection sociale français, a son équivalent plus avancé en la personne de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni. Dans le premier budget de la dirigeante dite « post-fasciste », adopté à la fin de l’année dernière, elle a ordonné la suppression du « revenu citoyen » du pays, une prestation similaire au RSA français.

Le 27 juillet dernier, 169 000 familles italiennes ont reçu des SMS du gouvernement les informant de la suppression de leurs allocations. David Broder, rédacteur en chef de Jacobin pour l’Europe, a rapporté dans The Nation au début de l’année que le revenu citoyen était une obsession particulière pour Meloni. « L’État ne peut pas abolir la pauvreté par décret, a-t-elle déclaré à l’époque. Ce sont les entreprises qui créent des emplois. »

Macron a fait passer un message similaire dans un discours qu’il a prononcé en avril après l’adoption de sa réforme des retraites. « Nous sommes un peuple qui entend maîtriser et choisir son destin, a-t-il proclamé en termes grandiloquents. Mais l’indépendance ne se décrète pas. Elle se construit par l’ambition, par l’effort. […] et elle se finance collectivement par le travail. » Tel est le message qu’il adresse aux laissés-pour-compte de l’emploi.

Contributeur

Marlon Ettinger est l’auteur de Zemmour & Gaullisme.

Source : Jacobin, Marlon Ettinger, 07-10-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Killers of the Flower Moon

Franceinfo Culture

par Jacky Bornet

Si le sujet est passionnant, son traitement est plus télévisuel que cinématographique, malgré une belle reconstitution et un casting prestigieux.

La critique complète est disponible sur le site Franceinfo Culture

L’Humanité

par Marie-José Sirach

Malgré une distribution haut de gamme, le film s’englue dans les nappes de pétrole de l’Oklahoma.

La critique complète est disponible sur le site L’Humanité

Les Inrockuptibles

par Thierry Jousse

Traversé par quelques beaux éclats – notamment les séquences entre Ernest et Mollie –, “Killers of the Flower Moon” peine, au final, à se situer au très haut niveau auquel il semble aspirer en permanence, celui d’une ample tragédie politique et intime.

La critique complète est disponible sur le site Les Inrockuptibles

Atrophie de l’hippocampe : un marqueur prédictif de la maladie d’Alzheimer à utiliser avec précaution

La réduction du volume d’une petite zone du cerveau, l’hippocampe, est associée à la survenue d’une maladie d’Alzheimer. Cette particularité est par conséquent très utilisée dans les études cliniques pour sélectionner les patients à risque et tester l’efficacité de traitements précoces. À l’Institut de génomique fonctionnelle de Montpellier (IGF), une équipe Inserm vient de montrer que ce biomarqueur est toutefois à utiliser avec précaution car, finalement, il n’est pas spécifique de la maladie d’Alzheimer : il peut également prédire le développement d’un déclin cognitif léger, sans démence associée.

L’hippocampe est une structure cérébrale qui joue un rôle central dans la cognition, la mémoire, l’apprentissage et le repérage dans l’espace. Une réduction de son volume (par rapport au volume moyen observé chez des personnes du même âge) est un paramètre utilisé pour diagnostiquer la maladie d’Alzheimer, mais aussi pour prédire sa survenue future. En recherche, il permet notamment d’identifier des personnes à risque pour les inclure dans des études qui visent à évaluer l’effet de traitements précoces.

Sans remettre en cause l’intérêt de ce marqueur, Sylvaine Artero, chercheuse Inserm à l’Institut de génomique fonctionnelle de Montpellier, s’interroge sur sa fiabilité : « L’hippocampe est une structure très plastique tout au long de la vie. Elle est sensible au vieillissement, mais un déficit d’activité physique, une alimentation déséquilibrée, une dépression, une obésité, la pollution de l’air, des troubles du sommeil ou même le stress sont aussi des facteurs associés à une réduction de son volume », prévient-elle. La chercheuse et son équipe ont donc voulu réévaluer le pouvoir prédictif de ce biomarqueur chez des personnes âgées non atteintes de démence. 

Pour cela, les scientifiques ont utilisé les données relatives aux participants montpelliérains de la cohorte des 3 cités (étude Esprit), composée d’adultes de plus de 65 ans tirés au sort sur les listes électorales. Les participants étaient indemnes de troubles cognitifs au moment de leur inclusion. Ils ont accepté de passer un examen d’imagerie cérébrale par résonnance magnétique (IRM cérébrale) et ont ensuite été suivis pendant 15 ans. Au cours de cette période, ils ont été interrogés sur leur santé tous les deux à trois ans, soit six fois au total. Leurs fonctions cognitives ont systématiquement été évaluées, et ils ont tous bénéficié d’un dépistage de démence réalisé par un neurologue. Au total, l’analyse a porté sur 510 personnes, dont 42 ont développé une démence au cours de ce suivi.

Un marqueur du déclin cognitif, même léger et sans démence

L’analyse conduite par l’équipe de Sylvaine Artero montre que le développement de la maladie d’Alzheimer est bien précédé par une réduction du volume de l’hippocampe, observable plusieurs années avant ses premiers symptômes. Toutefois, ce biomarqueur est également prédictif de l’apparition de troubles cognitifs légers chez des personnes qui n’ont pas développé de démence au cours du suivi et n’en développeront probablement jamais au regard de leur âge à l’issue de l’étude. Ces personnes représentent près d’un tiers de la cohorte étudiée. « Notre travail suggère donc qu’une mesure isolée de l’hippocampe est peu spécifique de la survenue ultérieure d’une maladie d’Alzheimer et peut aussi bien prédire un déclin cognitif léger. Aussi, son utilisation peut biaiser les résultats de certaines études cliniques ou épidémiologiques fondées sur le pouvoir prédictif de ce biomarqueur. En revanche, nous confirmons l’existence d’un lien entre un volume réduit de l’hippocampe et le déclin cognitif : cela suggère que toutes les personnes qui présentent un hippocampe atrophié pourraient bénéficier de mesures ciblées (activité physique, hygiène alimentaire, stimulation cognitive…) pour ralentir ou prévenir ce déclin qui altère la qualité de vie et l’autonomie des personnes âgées », explique la chercheuse.

Grâce à une collaboration avec l’université de Melbourne en Australie, l’équipe montpelliéraine a par ailleurs profité de ce travail pour comparer deux techniques de mesure de l’hippocampe : manuelle ou automatisée. « La première est longue et fastidieuse et la seconde surestime légèrement le volume hippocampique, résume Sylvaine Artero. Toutefois, les deux techniques ont apporté des résultats assez comparables et l’automatique est plus rapide et plus reproductible, ce qui encourage à la privilégier », conclut la chercheuse.


Sylvaine Artero est co-responsable de l’équipe Environnement, biomarqueurs, neuropsychiatrie à l’Institut de génomique fonctionnelle (unité 1191 Inserm/CNRS/Université de Montpellier), à Montpellier.


Source : M Gentreau et coll. Is Hippocampal Volume a Relevant Early Marker of Dementia ? The American Journal of Geriatric Psychiatry, édition en ligne du 15 juin 2023 ; doi : 10.1016/j.jagp.2023.05.015

Auteur : A. R.

Une tragédie humaine : plus de 2 500 migrants sont morts ou disparus en Méditerranée en 2023

30.octobre.2023 // Les Crises

 

Les routes terrestres empruntées par les migrants à travers l’Afrique subsaharienne et les points de passage maritimes en Libye et en Tunisie sont également extrêmement dangereux en raison des guerres et des conflits locaux. Ceux qui survivent à la périlleuse traversée maritime sont souvent harcelés par un réseau d’agences dans les pays européens.

Source : ScheerPost, Peoples Dispatch
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Migrants à bord d’un bateau pneumatique avant leur sauvetage coordonné par un navire militaire américain près de l’Espagne en 2016. (US Navy, Wesley R. Dickey, Wikimedia Commons, Public domain)

Plus de 2 500 personnes sont mortes ou ont disparu en essayant de traverser la mer Méditerranée pour atteindre l’Europe en septembre de cette année, a déclaré le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), un énorme bond par rapport au chiffre de l’année dernière pour la même période, qui s’élevait à 1 680.

Le directeur du HCR, Ruven Menikdiwela, a déclaré au Conseil de sécurité des Nations Unies, lors d’une réunion le jeudi 28 septembre, que malgré le nombre accru de décès et d’accidents, l’afflux de migrants en Europe n’a pas ralenti et qu’il n’y a aucune raison de croire qu’il le fera dans un avenir proche.

Menikdiwela a affirmé qu’au moins 186 000 personnes ont atteint l’Europe par la Méditerranée au cours de la même période.

Près de 83 % de tous ceux qui ont débarqué en Europe – soit 130 000 – ont atterri en Italie, le reste étant réparti entre divers autres pays européens côtiers tels que la Grèce et l’Espagne.

Le HCR a rappelé que la route terrestre habituellement empruntée par les migrants et les réfugiés pour atteindre la mer à travers l’Afrique subsaharienne et les points de passage maritimes en Libye et en Tunisie restent extrêmement dangereux en raison des guerres et des conflits locaux dans la région.

Selon Menikdiwela, davantage de migrants perdent la vie sur la terre ferme, « loin de l’attention du public. »

Menikdiwela a également indiqué que plus de 100 000 personnes sont passées par la Tunisie pour traverser la Méditerranée cette année, ce qui représente une augmentation de 260 % par rapport à l’année dernière. À titre de comparaison, environ 45 000 personnes ont fait de même à partir de la Libye.

Selon Pär Liljert, directeur de l’Organisation internationale des migrations (OIM), le nombre total de morts ou de disparus en Méditerranée entre janvier et septembre de cette année s’élève à 2 778. Ce chiffre est légèrement supérieur à celui présenté par le HCR. L’OIM affirme que sur ce total, 2 093 sont morts dans la seule Méditerranée centrale, qui est la route maritime la plus meurtrière au monde.

Selon l’OIM, plus de 28 105 migrants ont disparu ou sont morts en Méditerranée depuis 2014.

La politique inhumaine de l’UE en matière de contrôle des frontières

La plupart des migrants meurent lorsque leurs petites embarcations, souvent inadaptées ou surchargées, rencontrent des problèmes en mer, alors qu’il n’y a que très peu ou pas de moyens de secours. Certains bateaux coulent également en raison de la confrontation avec les contrôles frontaliers européens.

L’Union européenne a adopté une politique de contrôle des frontières stricte et à plusieurs niveaux pour empêcher l’afflux de migrants. Elle dispose de sa propre agence Frontex, qui participe aux patrouilles, en plus des garde-côtes des différents pays. L’UE a également signé des accords de contrôle des frontières avec des pays comme la Libye et la Tunisie.

Toutes ces agences utilisent diverses méthodes pour décourager les migrants. Elles harcèlent souvent les bateaux remplis de migrants, les menacent, les retournent ou les repoussent en mer s’ils parviennent à atteindre la côte. Dans certains cas, lorsque les migrants parviennent à débarquer, ils sont harcelés et détenus dans des prisons à ciel ouvert. Les ONG impliquées dans les opérations de secours et de sauvetage ont également accusé Frontex d’empêcher leur travail dans certains cas.

Un rapport de l’ONU publié au début de l’année avait accusé l’UE d’être directement ou indirectement impliquée dans des crimes de guerre en Libye, liés à l’enlèvement et à la séquestration de migrants et de réfugiés par divers acteurs non étatiques.

Source : ScheerPost, Peoples Dispatch, 01-10-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises